Faciliter les transfusions en Afrique sub-saharienne
Les anémies sévères consécutives au paludisme sont une cause importante de mortalité pédiatrique en Afrique sub-saharienne. Dans le dernier Lancet, un article détaille les critères de sélection des patients qui bénéficieront le plus d'une transfusion. Il met également l'accent sur l'importance du délai de transfusion et sur la qualité des stocks de sang pour réduire la mortalité de ces patients.
Dans leur publication, English et al. rappellent que l'on ne dispose que de recommandations partielles sur les critères de transfusion chez les enfants africains avec une anémie sévère.
Cette équipe de chercheurs et de médecins anglais et kenyans avait montré que la transfusion était souhaitable en dessous de d'un taux d'hémoglobine de 50 g/L avec une détresse respiratoire ou pour une concentration inférieure à 40 g/L.
Les auteurs ont analysé 1239 cas de transfusion chez des enfants kenyans âgés de plus d'un mois. Dans 72 % des cas, le paludisme était la cause directe de l'anémie.
Chez les enfants hospitalisés avec un paludisme ou une anémie comme diagnostic principal, la prostration, la détresse respiratoire et l'anémie majeure étaient associées à une augmentation du risque de décès (odds ratio respectifs de 7,4, 4,1 et 2,5). Dans ces différentes configurations, la transfusion permettait de réduire la mortalité.
Les auteurs citent le cas extrême des enfants avec un paludisme ou une anémie compliqué par un état de prostration, une détresse respiratoire et un taux d'hémoglobine <40g/L. 89 % (8/9) des enfants non transfusés sont décédés comparé à 23 % (15/65) des enfants transfusés.
Par ailleurs, dans 40 % des 123 cas de décès où une anémie sévère était en cause, la transfusion n'a pu être réalisée avant la mort du patient ou n'a pas permis d'atteindre un taux d'hémoglobine supérieur à 50 g/L. Ces données soulignent d'après les auteurs l'importance d'un délai le plus bref possible entre le diagnostic et la transfusion.
L'amélioration des stocks de sang et de leur qualité aurait un impact direct sur la mortalité pédiatrique dans ces régions. Toutefois, la prévalence élevée du VIH doit rappeler qu'il n'est pas toujours possible de réaliser une sérologie VIH sur ces échantillons. Pour ces raisons, les auteurs estiment que la priorité doit être donnée à la prévention de l'anémie.
Source : Lancet 2002;359:494-95
Descripteur MESH : Afrique , Mortalité , Patients , Paludisme , Sang , Anémie , Diagnostic , VIH Virus de l'Immunodéficience Humaine , Médecins , Mort , Prévalence , Risque , Sérologie