Syndrome de l’X fragile : sa base moléculaire dévoilée
Des chercheurs américains ont réussi à mettre en évidence ce qui se passe au niveau moléculaire dans la pathogénie du syndrome de l’X fragile. La protéine manquante chez les personnes atteintes, appelée FRMP, serait responsable du contrôle de nombreuses autres protéines intervenant dans le développement cérébral. Son absence expliquerait la cause des différents symptômes (physiques, cognitifs et comportementaux) rencontrés dans cette maladie.
Ces travaux sont reportés dans deux articles de la revue Cell et ont été conduits par les docteurs Jennifer Darnell, du laboratoire de neuro-oncologie moléculaire, à l’université Rockefeller de New York, et par Stephen Warren du Howard Hughes Medical Institute à Atlanta.
Le syndrome de l’X fragile est une maladie héréditaire touchant 1 garçon sur 2000 et 1 fille sur 4000 dans le monde. C’est la deuxième cause de retard mental après la trisomie 21.
Les symptômes comprennent des anomalies du comportement, des retards intellectuels ainsi que des malformations de la face. Les anomalies au niveau cellulaire se caractérisent par des neurones possédant des prolongements dendritiques anormalement longs et en forme d’épines.
La maladie est due à l’absence d’une protéine appelée Fragile X Mental Retardation Protein (FRMP). On sait depuis 10 ans que FRMP se lie à des ARN messagers mais jusqu’à présent, «on ne connaissait pas les conséquences de l’absence de FRMP», a expliqué Jennifer Darnell.
Les chercheurs, en utilisant la technologie des puces à ADN combinée à des analyses biochimiques et à des recherches dans les banques de données, ont réussi à sélectionner les ARNm interagissant avec FRMP.
Ils ont trouvé que FRMP se fixe à des structures particulières des ARN, les G-quartets (quadruplets de guanine), habituellement rencontrées dans l’ADN et qui jouent un rôle dans la régulation de sa transcription.
Les résultats ont permis de mettre en évidence que les ARNm se fixant à FRMP codent pour des protéines intervenant la synaptogénèse et le développement neuro biologique du cerveau.
La majorité de ces ARNm ont une organisation anormale sur le polysome chez les patients atteints du syndrome de l’X fragile.
Selon les auteurs, ces observations démontrent que les G-quartets représentent des cibles physiologiques pour la protéine FRMP et ils espèrent donc que leur caractérisation permettra de trouver des thérapies de traitement pour les patients atteints par cette maladie.
Source : Cell 2001;107(4):489-99 et 477-87.
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