La mutation d’un gène chez la drosophile double sa durée de vie
Des chercheurs de l’Université du Connecticut ont montré que cinq mutations indépendantes dans le gène Indy chez la drosophile résulteraient dans un doublement de la durée de vie, et ceci sans apparemment altérer sa « qualité de vie ». Une analyse de la séquence révèle que le produit de ce gène, nommé Indy, est étroitement apparenté à une protéine du métabolisme intermédiaire chez les mammifères. Les résultats de leur étude sont parus dans la revue Science.
Le vieillissement est génétiquement déterminé et environnementalement modulé. Dans une étude sur la longévité chez Drosophila melanogaster, le Dr S. Helfand et ses collaborateurs ont montré que 5 mutations indépendantes sur une copie du gène appelé Indy (pour ‘I’m not dead yet’) doublaient la durée de vie de la mouche. Si les mutations affectent les deux copies du gène, l’augmentation de la durée de vie est alors mineure. Les auteurs en déduisent que taux d’expression de ce gène est critique quant au prolongement de la durée de vie.
A la différence d’autres altérations associées à une extension de la vie, les mutations indy ne paraissent pas compromettre la « qualité de vie ». Dans les conditions de laboratoire, ces mouches s’alimentent normalement, maintiennent une activité, une fécondité et une fertilité normales.
Une analyse de la séquence du gène a révélé que la protéine résultante est étroitement apparentée aux protéines du métabolisme intermédiaire chez les mammifères, plus précisément à un cotransporteur de dicarboxylate, une protéine membranaire permettant le transport des intermédiaires (les acides di- et tri-carboxyliques) du cycle de Krebs.
En se basant sur leur résultats, les auteurs pensent que le gène peut affecter le processus de vieillissement en créant un état métabolique similaire à celui d’une restriction calorique (la restriction calorique est associée à une prolongation de la durée de vie chez l’homme, même si on ne sait pas pourquoi). Indy est le second gène connu pour prolonger la vie de la drosophile (Le premier nommé Methuselah, augmente cette durée de 35 % au travers d’un mécanisme non encore élucidé).
Les auteurs concluent en disant qu’une caractérisation plus poussée des mutants Indy peut permettre de mieux comprendre la part génétique dans l’équilibre énergétique et le vieillissement et être un point d’accès aux interventions génétiques ou pharmacologiques visant à prolonger l’espérance de vie.
Source : Science 2000 ; 290 : 2137-40
Descripteur MESH : Mutation , Vie , Mammifères , Métabolisme , Qualité de vie , Connecticut , Vieillissement , Restriction calorique , Acides , Fécondité , Génétique , Longévité , Protéines , Science