Assistants médicaux : la CNAM annonce une progression de 19,5 % de la patientèle médecin traitant en quatre ans
Une étude menée par l’Assurance Maladie montre que les médecins généralistes ayant recruté un assistant médical depuis quatre ans ont accru leur patientèle médecin traitant de près de 20 %. En moyenne, ces médecins réalisent deux consultations supplémentaires par jour par rapport à leur activité antérieure, un résultat bien supérieur à celui des médecins sans assistant. Si le dispositif montre des résultats prometteurs, des défis importants restent à relever.
Des résultats encourageants depuis 2019
Depuis 2019, le dispositif d’aide à l’emploi d’assistants médicaux permet aux médecins de déléguer des tâches administratives et organisationnelles pour se concentrer sur les soins. Les assistants médicaux interviennent dans trois domaines :
- gestion administrative : accueil des patients, mise à jour des dossiers ;
- préparation des consultations : prise des constantes, suivi des vaccinations, etc. ;
- coordination des soins avec les autres professionnels de santé.
À fin octobre 2024, 7 240 contrats ont été signés, dont 77 % par des médecins généralistes et 23 % par des spécialistes. Cela représente environ 15 % des généralistes éligibles (secteur I ou Optam) et 11 % des spécialistes.
Parmi ces assistants médicaux, 54 % étaient auparavant secrétaires médicaux, tandis que 9 % occupaient des postes d’infirmiers et 4 % d’aides-soignants.
Pour évaluer l’impact du dispositif, l’Assurance Maladie a analysé un échantillon de 402 médecins généralistes ayant recruté un assistant médical depuis quatre ans, en comparant leur activité à celle de 18 600 confrères non-signataires. Les résultats sont significatifs :
-
Progression de 19,5 % de la patientèle médecin traitant
En quatre ans, les médecins accompagnés par un assistant ont vu leur patientèle médecin traitant passer de 1 318 à 1 576 patients, soit 258 patients supplémentaires. En comparaison, les généralistes sans assistant n’ont enregistré qu’une progression moyenne de 6,6 % sur la même période. -
Deux consultations supplémentaires par jour
Les médecins signataires réalisent désormais 29,5 actes par jour contre 25 actes pour leurs confrères sans assistant, soit 2 consultations supplémentaires quotidiennement ( 7,2 %). -
Hausse modérée de la file active
La file active des médecins accompagnés a progressé de 4,5 %, contre une diminution de 5,3 % pour les médecins non-signataires. Cette augmentation, bien que modérée, témoigne d’un meilleur suivi des patients sur la durée.
Des disparités selon les profils et les territoires
L’étude révèle également des différences notables :
- Effet générationnel : Les médecins de moins de 40 ans enregistrent la plus forte progression de leur patientèle ( 34,1 %) et réalisent 4,9 actes supplémentaires par jour.
- Inégalités de genre : Les hommes épaulés par un assistant réalisent 31,5 consultations par jour contre 25,7 consultations pour les femmes.
- Zones sous-denses : Les médecins exerçant en zones prioritaires (ZIP) sont plus nombreux à recourir au dispositif (57 % des signataires) et parviennent à accroître leur activité malgré des patientèles initialement plus élevées.
Des limites qui appellent des ajustements
Si les résultats démontrent l’efficacité du dispositif pour dégager du temps médical et améliorer l’activité des médecins, l’Assurance Maladie reconnaît une limite méthodologique. L’échantillon des 402 médecins étudiés, constitué de pionniers motivés par le dispositif, ne reflète pas nécessairement l’ensemble de la profession.
Malgré ces résultats positifs, plusieurs critiques peuvent également être formulées à l’égard du dispositif :
-
Impact limité sur les déserts médicaux
Bien que 57 % des signataires exercent en zones sous-denses, le dispositif n’a pas permis d’attirer durablement de nouveaux médecins dans ces territoires. Les problématiques liées à la désertification (conditions d’installation, isolement professionnel) restent insuffisamment adressées. -
Adoption encore faible
Avec 7 240 contrats signés, le dispositif reste loin de l’objectif gouvernemental de 10 000 assistants médicaux. Seuls 15 % des généralistes éligibles ont adopté cette mesure, notamment en raison de contraintes financières et organisationnelles. -
Des objectifs contraignants
Les médecins doivent atteindre des seuils de progression de leur patientèle pour continuer à bénéficier de l’aide. Cela peut être difficile, en particulier pour les praticiens déjà fortement sollicités, ce qui dissuade certains de s’engager. -
Inégalités structurelles
Les données révèlent des disparités de genre, avec un écart significatif entre les hommes (31,5 actes par jour) et les femmes (25,7 actes). Le dispositif ne prévoit pas de solutions spécifiques pour les médecins à temps partiel, souvent des femmes. -
Un modèle financier perfectible
L’aide, dégressive sur trois ans, peut représenter un obstacle pour les petits cabinets. Par exemple, un assistant à mi-temps coûte bien souvent plus cher que l’aide financière octroyée à partir de la troisième année. -
Focalisation sur l’activité quantitative
En privilégiant l’augmentation du nombre de consultations, le dispositif risque de mettre en tension la qualité des soins et d’intensifier le rythme de travail des médecins.
Si le dispositif d’assistants médicaux montre des résultats encourageants, il reste perfectible pour répondre pleinement aux enjeux d’accès aux soins et de qualité des pratiques. Des ajustements sont nécessaires pour mieux accompagner les médecins isolés, réduire les contraintes organisationnelles et maximiser l’impact dans les zones sous-denses. La CNAM souligne l’importance de poursuivre l’évaluation de cette mesure afin de confirmer ses bénéfices sur un échantillon plus large et sur le long terme.
Descripteur MESH : Médecins , Maladie , Médecins généralistes , Temps , Patients , Femmes , Soins , Hommes , Solutions , Risque , Objectifs , Contrats , Travail , Santé