Les performances cognitives durant l'enfance liées au risque de démence ?
Les démences tardives et principalement la maladie d'Alzheimer seraient associées à des performances cognitives plus faibles durant l'enfance. Ceci est le résultat d'une étude écossaise qui a comparé les résultats de tests d'intelligence réalisés à l'âge de 11 ans chez des personnes qui ont développé ou non une démence à l'âge adulte. Les scores étaient plus faibles chez les individus qui ont développé une démence après 64 ans. Plus généralement, cette étude pose la question de savoir si la maladie d'Alzheimer est un processus du développement qui débute très tôt ou si c'est une maladie acquise au cours du vieillissement.
Cette étude a été dirigée par le Dr L. Whalley de l'Université de Médecine d'Edimbourg. Les résultats sont publiés dans la dernière parution de la revue Neurology.
Le Dr Whalley et son équipe ont examiné les résultats obtenus à des tests d'intelligence réalisés en 1932 chez des enfants de 11 ans. Ils ont identifié tous les sujets qui avaient participé à ces tests et qui avaient développé une démence avant 64 ans ou après 64 ans. Pour chacun de ces groupes, un groupe contrôle a été défini.
Dans cette étude, le terme de démence peut être généralement ramené à celui de maladie d'Alzheimer car la plupart des autres causes ont été exclues de la comparaison.
Les auteurs n'ont trouvé aucune différence entre les scores obtenus par ceux qui avaient développé une démence avant 64 ans et les sujets contrôles.
Par contre, les scores obtenus à l'âge de 11 ans étaient plus bas chez ceux qui avaient développé une démence après 64 ans.
Selon le Dr Whalley et ses collaborateurs, les facteurs à l'origine du lien entre une performance cognitive inférieure et l'apparition d'une démence tardive (après 64 ans) ne sont pas applicables aux démences qui surviennent avant 64 ans. Cette étude présente une limitation essentielle : l'absence de distinction entre la maladie d'Alzheimer et les démences artériopathiques. De plus les résultats n'ont pas été ajustés en fonction du statut socio-économique.
Ces résultats sont discutés par le Dr R. Mayeux (Columbia University) dans un éditorial du journal. Selon lui, cet article "provocateur" nous pousse à s'interroger sur l'origine de la maladie d'Alzheimer.
"Si la maladie d'Alzheimer est un processus du développement, alors les scores d'intelligence plus faibles pourraient refléter les premiers signes de la maladie", explique-t-il. "Ces résultats pourraient indiquer qu'avoir un niveau d'instruction plus faible est le résultat de la maladie d'Alzheimer, et non la cause". Mais il n'y a pas beaucoup de preuves pour confirmer ce point de vue.
Il ajoute qu'une autre hypothèse serait que les enfants avec de moins bonnes performances intellectuelles seraient plus vulnérables au développement ultérieur de la maladie d'Alzheimer.
Quoi qu'il en soit, la question du début de la maladie reste un problème de premier plan dans la perspective de stratégies préventives.
Source : American Academy of Neurology. Neurology 2000;55:1455-59, 28-29.
Descripteur MESH : Démence , Gériatrie , Risque , Maladie , Maladie d'Alzheimer , Intelligence , Adulte , Personnes , Vieillissement , Éditorial , Médecine