Santé périnatale en france : le bilan alarmant du Sénat

Santé périnatale en france : le bilan alarmant du Sénat Un rapport sénatorial dresse un tableau préoccupant de la santé périnatale en France, révélant une dégradation des indicateurs depuis une décennie. Face à ce constat, le Collège National des Sages-Femmes de France (CNSF) appelle à une réforme en profondeur du système de soins périnatals, soulignant l'urgence d'agir pour la santé des mères et des nouveau-nés.

Un déclin inquiétant des indicateurs de santé périnatale

La France, autrefois en tête des classements européens en matière de santé périnatale, connaît une régression significative depuis une dizaine d'années. Les chiffres sont éloquents :

- Le taux de mortinatalité stagne à 8,8 pour 1000 naissances depuis 2012, plaçant la France au 20e rang sur 28 pays européens.
- La mortalité infantile a augmenté, atteignant 4 décès pour 1000 naissances vivantes en 2023, positionnant la France au 22e rang européen.
- Le taux de prématurité est passé de 5,4% en 1995 à 6,6% en 2022, avec une hausse préoccupante des grands prématurés.
- La mortalité maternelle ne diminue plus depuis 2005, oscillant entre 8 et 12 décès pour 100 000 naissances.

Les complications maternelles restent également une source d'inquiétude, notamment les hémorragies post-partum, qui affectent environ 10 % des accouchements. La prise en charge de ces problématiques se révèle insuffisante comparée à d'autres pays européens, en raison de l'organisation fragmentée du système de santé et d'une carence en coordination des professionnels.

Le rapport sénatorial met en lumière d'importantes inégalités géographiques :

- En Île-de-France, le taux de mortinatalité atteint 9,3‰, contre 7,6‰ en Occitanie.
- Dans les départements d'outre-mer, le taux de mortinatalité est presque deux fois plus élevé qu'en métropole (14‰ contre 7,9‰).
- La mortalité infantile varie considérablement, allant de 3,47‰ dans les Hauts-de-Seine à 5,03‰ en Seine-Saint-Denis.

Renforcement nécessaire de l'accompagnement et du suivi médical

Le rapport souligne que, bien que les femmes enceintes bénéficient généralement d'un suivi médical de qualité pendant la grossesse, le manque de coordination entre les soins prénataux et postnataux peut générer du stress et un sentiment d'insécurité chez les parents. La mission d'information recommande d'accroître la place des sages-femmes référentes dans le parcours de soins et d'assurer un suivi plus cohérent.

La protection maternelle et infantile (PMI) joue un rôle majeur dans l'accompagnement des parents, mais elle doit être davantage soutenue et mieux intégrée avec la médecine de ville et les hôpitaux pour garantir une offre de soins de proximité.

Réorganisation de l'offre de soins : une priorité

Face aux difficultés actuelles, la mission d'information appelle à une transformation urgente de l'offre de soins périnatals. Cela inclut un audit des structures existantes pour évaluer les besoins et les risques territoriaux, avec pour objectif de créer des plateaux techniques moins nombreux mais plus sécurisés. L'accessibilité des soins doit être renforcée, tout comme les moyens de transport médical d'urgence, pour garantir une prise en charge rapide et efficace des accouchements à risque.

De son coté, le Collège National des Sages-Femmes de France (CNSF) insiste sur la nécessité d'une réforme en profondeur de l'offre de soins périnatals. Les priorités identifiées sont :

- La sécurité des accouchements
- Le suivi de proximité des femmes enceintes
- Un meilleur accompagnement postnatal

Le CNSF encourage le futur ministre de la Santé à placer cette réforme au cœur de son agenda dès le début de son mandat.

Des recommandations concrètes

Le rapport sénatorial et le CNSF proposent plusieurs pistes d'amélioration :

- Adopter une stratégie nationale de santé périnatale avec un véritable pilotage.
- Transformer l'offre de maternités pour concilier sécurité et proximité.
- Définir clairement le "bas risque" obstétrical.
- Améliorer la gradation des soins entre sages-femmes et gynécologues-obstétriciens.
- Réviser les décrets de 1998 encadrant la périnatalité.
- Investir davantage dans les services de Protection Maternelle et Infantile.
- Créer un registre national des naissances et consolider les bases de données existantes.

Au-delà des chiffres : une approche globale nécessaire

Dans un communiqué, le Collège National des Sages-Femmes de France souligne l'importance d'une approche dépassant la simple amélioration des indicateurs statistiques. L'objectif est de garantir une protection réelle de la santé des mères et des enfants, tout en assurant un accès équitable aux soins sur l'ensemble du territoire.

Le collège appelle à donner aux sages-femmes les moyens nécessaires pour accomplir leur mission dans les meilleures conditions possibles, soulignant leur rôle central dans l'amélioration de la santé périnatale en France.

"La réorganisation des soins périnatals est urgente et doit être envisagée comme un projet d’envergure pour le prochain gouvernement et ne doit pas se limiter à de simples ajustements administratifs. L’ensemble des recommandations préconisées par le Sénat dont la définition du “bas risque”, la gradation des soins entre les sages-femmes et gynécologues-obstétriciens, la révision des décrets de 1998, l’investissement dans les services de Protection Maternelle et Infantile sont demandées depuis de nombreuses années par le Collège National des Sages-femmes de France et nécessaires pour répondre aux différents enjeux et objectifs."

La Cour des comptes confirmait en 2023 les défaillances du système

Un rapport de la Cour des comptes d'avril 2023 vient appuyer les constats du rapport sénatorial et du CNSF :

  • Dégradation des indicateurs de santé périnatale malgré des dépenses de 12,5 milliards d'euros en 2019.
  • Taux de mortalité infantile plaçant la France au 22e rang sur 27 pays européens en 2019.
  • Augmentation du taux de césariennes de 20,2% en 2010 à 21,4% en 2019.

Ses recommandations rejoignent celles du rapport sénatorial et du CNSF :

  • Améliorer la coordination des acteurs.
  • Renforcer le suivi post-natal.
  • Réviser le financement des maternités pour privilégier la qualité des soins.

Cette convergence des rapports souligne l'urgence d'une réforme globale du système de santé périnatale en France.

Crédit photo : DepositPhotos

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