Un médecin qui pratiquait jusqu’à 121 consultations par jour interdit d’exercice pendant un an
Le rythme de travail effréné du Dr Gautheron à Fourchambault, culminant à 121 consultations par jour, a mené à son interdiction de pratiquer la médecine pendant 2 ans dont un avec sursis. Il devra également rembourser 68 000 € à la CPAM. Près de 7000 patients se retrouvent sans médecin traitant.
Des dizaines de cas de contre-indication médicamenteuses
La sanction ordinale prononcée contre le médecin s'appuie sur une série de manquements professionnels significatifs. L'enquête a révélé que, pour quinze patients, il a prescrit des associations médicamenteuses strictement contre-indiquées. Le jugement met en avant l'existence d'alternatives thérapeutiques, soulignant ainsi l'inadéquation des choix prescriptifs du praticien. Facteur aggravant, certaines de ces prescriptions ont été rédigées séparément le même jour, une méthode qui entrave sérieusement la capacité de contrôle des pharmaciens.
Le dossier souligne que dans trente-neuf cas, les prescriptions émises ne respectaient pas les critères vitaux tels que l'âge ou le poids des patients, remettant en cause la pertinence clinique de ces décisions. Il est également fait mention de deux prescriptions spécifiquement inappropriées pour des patientes enceintes, mettant en lumière une négligence préoccupante.
Enfin, le médecin a été reconnu coupable de débuter un traitement à la méthadone sans l'accréditation requise et de dispenser des doses de buprénorphine bien au-delà des limites prescrites, exposant ses patients à des risques accrus.
68 000 € de majorations injustifiées
Un autre aspect alarmant de cette affaire concerne les pratiques de facturation du Dr Gautheron. Une analyse minutieuse révèle qu'il a facturé de manière irrégulière 1.065 majorations pour des consultations dominicales et 1.445 majorations pour des consultations nocturnes. Or, ces dernières doivent normalement être coordonnées par le Samu et justifiées par un caractère d'urgence, une procédure apparemment négligée par le médecin. De plus, des majorations pour des consultations pédiatriques ont été appliquées sans la mise à jour nécessaire des carnets de santé des enfants et nourrissons, un manquement flagrant aux règles de facturation.
Un rythme de travail éberluant
Le dossier révèle également un rythme de travail particulièrement excessif. Sur une période de 17 mois, le Dr Gautheron a enregistré 187 jours de travail avec un nombre de consultations variant entre 80 et 121 par jour, dépassant le seuil de 100 consultations lors de 59 jours, et atteignant plus de 120 consultations sur trois jours. Ce rythme effréné a conduit certains patients à être vus jusqu'à 48 fois chacun sur cette période, sans justification médicale évidente. Ce constat conduit à s'interroger sur la brièveté et l'efficacité de ces consultations, mettant en doute la qualité et la sécurité des soins dispensés, ainsi que la conformité avec les standards de la profession.
7000 patients privés de médecins ?
Selon les propos du président de l'Ordre des médecins de la Nièvre, le Dr Gautheron gère une patientèle impressionnante, la plus importante de la région. Il la décrit comme "colossale", équivalant à la charge de travail de deux médecins exerçant à temps plein. L'estimation de sa clientèle varie considérablement : le Dr Gautheron lui-même parle d'environ 5.000 patients, tandis que l'ARS évoque un chiffre encore plus élevé, s'élevant à 7.000 patients.
Le samedi 30 décembre, devant le cabinet du Dr Gautheron à Fourchambault, une foule de près de 300 personnes s'est rassemblée en signe de soutien. La mobilisation, impulsée par les réseaux sociaux, a dépassé les attentes des organisateurs. Lors d'un moment fort, un patient, porte-voix en main, a exprimé la déception collective face à la suspension du médecin, critiquant la CPAM et l’ARS pour leur rôle dans cette affaire.
L'apparition du Dr Gautheron a été saluée par des applaudissements nourris. Il a exprimé sa gratitude et donné rendez-vous à sa patientèle en 2025, suscitant un élan d'encouragement et de solidarité. Cet événement, capté par la caméra de BFM-TV, souligne l'ampleur de la situation et l'attention médiatique qu'elle génère dans le contexte de la santé rurale.
Plus infos : le JDC
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