Technologie et soins à domicile : Il faut prendre en compte les deux côtés de la médaille

Technologie et soins à domicile : Il faut prendre en compte les deux côtés de la médaille La technologie joue un rôle de plus en plus important dans les soins à domicile. Elle permet en effet d’offrir des solutions innovantes pour améliorer la qualité de vie des patients, faciliter le travail des soignants et réduire les coûts. Mais comme pour tout changement, la technologie ne vient pas sans son lot de contraintes et de problématiques. Retour sur les éléments qu’il faut garder en tête quand on parle de révolution digitale dans les soins de santé.

La télémédecine et le telemonitoring : les premiers pas vers une meilleure accessibilité aux soins

Comme chacun le sait, la pandémie a permis une accélération du développement de la télémédecine et du telemonitoring et ont permis de non seulement faciliter l’accès au soin, mais également d’optimiser le suivi des patients les plus fragiles. Bien évidemment, cette avancée n’aurait pas pu être possible sans l’utilisation des nouvelles technologies. Applications dédiées, déploiement du DMP (Dossier Médical Partagé), dispositif de télésurveillance ou encore utilisation de la blockchain et de la robotique de nouvelle génération, les nouvelles technologies sont dorénavant au service de la santé. Ces dernières, utilisées à bon escient, ont amélioré l’accessibilité aux soins pour bon nombre de patients, et plus particulièrement ceux vivant dans des zones éloignées, mal desservies par les services de santé ou en désert médical. De plus, dans le cadre des soins à domicile, elles ont également permis en plus d’optimiser le suivi patient, de limiter les déplacements inutiles et donc de réduire les coûts.

S’il ne fallait retenir qu’une seule des technologies qui ont émergé depuis la crise sanitaire, ce serait la télémédecine. Permettant d’effectuer un suivi régulier et continu des patients de maladies chroniques ou en rémission, elle leur permet d’améliorer la gestion de leur état de santé et tout cela à distance. Cette approche a également, notons-le, participé à la démocratisation de l’habitude du « second avis » : en effet, étant donné qu’il est plus simple d’avoir un rendez-vous en ligne, les patients vont désormais plus facilement consulter chez un autre praticien pour avoir un avis complémentaire sur un diagnostic. Des sites spécifiques aux 2nds avis sont nés, voire à de la consultation exclusive en ligne. Outre d’échanger avec différents médecins sans avoir à se déplacer, la télémédecine facilite aussi le travail des ambulanciers. Les temps de trajet des ambulances sont optimisés : les pompiers peuvent, avant même d’être sur les lieux, évaluer rapidement la gravité de l’état du patient, anticiper les besoins et les actes à réaliser sur place, et surtout garder le contact avec le malade jusqu’à leur arrivée. 

Cependant, malgré tous les avantages apportés par la télémédecine, elle a tout de même certaines limites. Même si la connexion internet ou le réseau data couvre une grande partie du territoire, tout le monde n’a pas forcément accès à la technologie nécessaire pour effectuer une consultation en ligne. Il est certain que cela peut être facteur d’inégalités d’accès aux soins de santé. Les personnes âgées, les malvoyants, les personnes à faible revenu ou vivant dans des zones rurales peuvent en effet rencontrer des difficultés pour bénéficier pleinement des solutions technologiques de soins à domicile.

Une surveillance à distance renforcée

Le suivi patient est aujourd’hui dépendant des dispositifs médicaux connectés permettant aux médecins de surveiller l’état de santé des patients à distance. Les dispositifs recueillent de données vitales telles que la pression artérielle, la fréquence cardiaque ou encore la glycémie, et les transmettent en temps réel au corps médical afin de garantir une prise en charge plus appropriée. Nombre d’outils connectés existent pour cela, comme la boucle fermée hybride, système automatisé d’injection d’insuline révolutionnant le traitement du diabète, ou encore l’actimétrie, utile pour analyser les mouvements du patient atteint de la maladie de Parkinson dans le cadre de son traitement, ou encore. Les balances et montres connectées sont également fortement recommandées pour surveiller au quotidien les données vitales cardiovasculaires.

Mais dans le cadre de certaines maladies complexes, des évaluations physiques approfondies ou une coordination entre plusieurs spécialistes peuvent être nécessaires, outre une surveillance renforcée des données vitales. Si les technologies utilisées favorisent le monitoring régulier et facilitent le partage de données entre les praticiens, il reste parfois difficile pour les différentes parties prenantes d’y voir clair et d’établir un diagnostic précis sans avoir vu le patient. Enfin, la dernière limite (et non des moindres) est la communication. En effet, la communication, et plus précisément la communication non verbale, est essentielle à l’évaluation de la douleur. À distance, il peut être compliqué pour un médecin, de statuer sur le niveau de souffrance de son patient. La distance physique peut ainsi nuire à la compréhension mutuelle entre le médecin et le patient, mais aussi affecter la confiance.

Un suivi plus précis pour les maladies chroniques

Les maladies chroniques nécessitent un traitement long et strict. Pour que cette prise en charge soit optimale, il faut que les interactions entre patients et médecins soient fréquentes et que les données de santé soient constamment surveillées. Ce suivi en temps réel est déjà optimal pour diverses pathologies, notamment grâce au programme ETAPES. Cette expérimentation de télémédecine permet aux professionnels de santé français de télésurveiller plusieurs pathologies chroniques, telles que les insuffisances cardiaque, rénale et respiratoire ou encore le diabète, pour ensuite interpréter à distance les données nécessaires et prendre des décisions relatives à la prise en charge du patient. Étendu à d’autres maladies chroniques, ce dispositif pourra à terme révolutionner l’approche de la médecine, notamment dans les zones de désert médical — ce sera d’ailleurs prochainement le cas pour le suivi de l’arythmie cardiaque nécessitant des prothèses cardiaques implantables. De prochaines pathologies pourront à l’avenir être concernées et prises en charge après avis favorable de la Haute Autorité de Santé.

D’autres dispositifs existent pour veiller à la bonne observance des traitements, comme les piluliers intelligents, effectuant des rappels pour les prises de médicament ainsi que la dose prescrite. Certains d’entre eux sont également connectés à des applications informant les soignants ou les proches en cas d’oubli. Des objets connectés peuvent également être placés dans la maison pour aider les soignants à suivre l’activité quotidienne des patients âgés ou fragiles. Ils peuvent détecter les chutes, les changements d’activité ou de comportement, permettant une intervention rapide si nécessaire.

Certains patients en rééducation peuvent aussi bénéficier de programmes de réadaptation virtuelle à domicile, veillant à ce que les activités physiques réalisées soient bien adaptées à leur état de santé. Ces programmes utilisent des dispositifs de réalité virtuelle ou des exosquelettes aidant les patients à récupérer plus rapidement et à améliorer leur fonction physique. L’ensemble de ces solutions permettent de diminuer la durée moyenne de séjour à l’hôpital, et libèrent ainsi des places pour d’autres patients. Les thérapies digitales, dites DTx, ayant pour vocation de remplacer ou d’entrer en complémentarité d’un traitement médicamenteux, sont également un bon moyen de prévenir, gérer et/ou traiter une pathologie directement chez soi, à l’aide de son téléphone portable. Les insomnies par exemple, peuvent désormais être traitées grâce à des applications comme Sleep.io, proposant un programme d’accompagnement sur mobile reconstruisant des cycles de sommeil étape par étape.

Si l’ensemble de ces dispositifs innovants révolutionnent les soins à domiciles, des aménagements sont nécessaires, notamment pour apporter une plus grande flexibilité dans la mise en œuvre de la télésurveillance et une meilleure interopérabilité des solutions technologiques. Également, une revalorisation financière de l’implication des soignants pour les situations cliniques les plus difficiles doit être réfléchie, tout comme les formations à ces nouveaux outils pour les soignants et les patients. Ce n’est probablement qu’à ces conditions que la télésurveillance et ses dispositifs associés pourront s’imposer plus largement.

La gestion des données au cœur de l’amélioration des traitements

L’utilisation des données de santé est précieuse pour l’accompagnement quotidien des patients. La modélisation de protocoles adaptés et personnalisés en fonction de chaque cas est désormais possible, permettant l’évaluation de la douleur ou de la fièvre ou encore l’antibiothérapie délivrée, notamment post-opératoire. Les techniques d’intelligence artificielle sont également utilisées pour analyser de grandes quantités de données médicales. Cela est optimal pour améliorer la détection de nouvelles pathologies, et par là pour trouver le traitement le plus efficace possible, mais également pour mieux identifier les différents effets secondaires. Grâce à la gestion des données santé, une nouvelle ère se profile : une médecine personnalisée pour chaque patient, s’inscrivant dans une approche one size fits all

Cependant, l’utilisation de dispositifs connectés et d’applications mobiles dans les soins à domicile entraîne la collecte et le partage de données personnelles critiques. Il est essentiel de garantir la sécurité de ces dispositifs pour protéger ces données contre les cyberattaques. Or, elles font l’objet d’une protection particulière par différents textes de loi en perpétuelle évolution (règlement européen sur la protection des données personnelles, loi Informatique et Libertés, code de la santé publique, etc.). Les fournisseurs des solutions de santé ont donc l’obligation d’être rigoureux et très attentifs quant aux évolutions législatives encadrant la gestion des données médicales. Autre problématique : le manque d’interopérabilité entre les différents dispositifs médicaux et applications de santé. Cela complexifie l’uniformisation et des données entre les professionnels, et peut être un élément ralentissant l’établissement de diagnostic. L’innovation, et surtout dans le secteur médical, doit être facilitée tout en respectant les normes de sécurité gouvernementales. Tous les acteurs du domaine doivent être accompagnés afin d’éviter de laisser le monopole à une seule entité ce qui freinerait drastiquement l’innovation du secteur.

Les nouvelles technologies dans les soins à domicile sont une véritable opportunité et cela pour toutes les parties prenantes (soignants comme patients). Il faut prendre en compte les potentielles problématiques de sécurité, de communication, de démocratisation et d’adoption de ces nouveaux outils. L’innovation et les nouvelles technologies sont une avancée très positive dans le monde actuel, il faut l’utiliser à bon escient tout en conservant l’aspect humain et les interactions. Tout est une question de balance.

 

Tribune rédigée par Patricia Prete, Directrice Marketing et Commerciale d’Homeperf

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