Médecins libéraux et outils numériques : un poste de dépenses en pleine expansion

Médecins libéraux et outils numériques : un poste de dépenses en pleine expansion La digitalisation des pratiques médicales continue de s'accélérer, particulièrement chez les médecins libéraux. Téléconsultations, logiciels de gestion de cabinets et autres outils numériques deviennent des éléments indispensables du quotidien des praticiens. Cette transition numérique s'accompagne de coûts de fonctionnement de plus en plus lourds pour les cabinets médicaux.  Selon une enquête menée par l'Union Régionale des Professionnels de Santé (URPS) médecins libéraux d'Île-de-France, 87 % des médecins interrogés déclarent avoir observé une hausse significative de leurs dépenses en numérique, avec plus de la moitié rapportant une augmentation supérieure à 15 % depuis 2019.

Des dépenses numériques en forte augmentation

L'enquête menée auprès de plus de 300 médecins libéraux montre une augmentation constante des dépenses liées aux outils numériques:

  • 91% des médecins sont abonnés à un logiciel de gestion de cabinet, pour un coût moyen de 151,77€ par mois
  • 57% utilisent des solutions de téléconsultation, avec des frais moyens de 85,78€ mensuels
  • 86% ont recours à un agenda en ligne, représentant la dépense la plus importante avec 153,13€ en moyenne par mois
  • 39% utilisent une messagerie interprofessionnelle, à 13,10€ par mois en moyenne

À ces abonnements s'ajoutent les frais d'accès à internet (65€/mois en moyenne) et de maintenance (77,79€/mois pour 41% des répondants).

Médecins libéraux et outils numériques : un poste de dépenses en pleine expansion

Des équipements périphériques coûteux

Les médecins investissent également dans des équipements périphériques essentiels:

  • 66% utilisent des lecteurs de télépaiement, pour un coût moyen de 34,13€ par mois
  • 61% sont équipés de lecteurs de cartes vitales, avec une dépense moyenne de 29,83€ mensuels

Un impact financier significatif

L'enquête révèle que 87% des praticiens ont constaté une augmentation significative de leurs coûts numériques, dont 56% signalent une hausse supérieure à 15% depuis 2019.Le Dr Philippe Parranque, coordonnateur de la Commission E-Santé de l'URPS médecins, estime que "les investissements dans le numérique représentent aujourd'hui entre 15 et 20% des frais de fonctionnement d'un cabinet médical".

La dotation numérique en question

Face à ces dépenses croissantes, la dotation numérique (Donum) proposée par l'Assurance Maladie apparaît insuffisante. Cette nouvelle rémunération forfaitaire, inscrite dans la convention médicale 2024, remplacera le forfait structure à partir de 2026. D'un montant maximal de 2940€ par an, elle sera calculée en fonction du nombre d'indicateurs socles et optionnels remplis par les médecins.L'URPS médecins Île-de-France exprime son scepticisme quant à ce dispositif. Selon l'organisme, cette évolution n'est pas en adéquation avec la volonté affichée de développer les innovations numériques favorisant les parcours de soins, les dépistages, la prévention ou encore l'utilisation de "Mon espace santé".

 

Des préoccupations croissantes

L'URPS, représentant 21 000 médecins libéraux franciliens, souligne que ces investissements numériques ne vont pas s'arrêter et que, contrairement aux idées reçues, toutes ces solutions ne sont pas sources d'économies.Le Dr Laurent de Bastard, coordonnateur de la Commission E-Santé de l'URPS médecins, ajoute : "Sans être tous nécessairement friands de la digitalisation de notre exercice, nous engageons individuellement de plus en plus de moyens pour nous équiper et de temps pour nous former".

Perspectives et défis

Pour maintenir leur capacité d'investissement dans le numérique, les médecins libéraux devront trouver d'autres sources de financement. L'URPS suggère qu'il faudra que les médecins disposent de marges de manœuvre sur la valorisation de leurs actes pour garder leur capacité personnelle d'investissement.La transformation numérique de la médecine libérale présente donc un défi financier majeur. Bien qu'elle offre de nombreuses opportunités pour améliorer la qualité des soins et l'efficacité du système de santé, son coût reste un obstacle significatif. Il est crucial de trouver un équilibre entre l'adoption des nouvelles technologies et la viabilité économique des cabinets médicaux pour assurer une transition numérique réussie.

« Il est certain que les investissements dans le numérique ne vont pas s’arrêter là et que les médecins ont intérêt à suivre les évolutions digitales du secteur. Contrairement aux idées reçues elles ne sont pas toutes sources d’économie et il faut donc que le médecin dispose des moyens pour financer son équipement numérique qui selon nos estimations se situe aujourd’hui entre 15 et 20 % de ses frais de fonctionnement » Dr Philippe Parranque – Coordonnateur de la Commission E-Santé de l’URPS médecins.

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