Menace d’une pénurie d’infirmiers libéraux dans le Finistère face à l’augmentation de la dépendance
Yveline Cann, présidente de la Fédération nationale des infirmiers dans le Finistère, s’est confiée dans une interview au Télégramme sur les problèmes posés par la montée de la dépendance dans son département. Elle évoque la menace d’une pénurie d’infirmiers libéraux, milite pour une évolution des financements et l’instauration de l’infirmier référent.
La situation actuelle des infirmiers libéraux dans le Finistère
Malgré la présence de plus de 2 000 infirmiers libéraux conventionnés et 680 remplaçants dans le Finistère, Yveline Cann souligne que 40 % d’entre eux ont plus de 50 ans. Le nombre de Finistériens âgés de plus de 75 ans devrait passer de 100 000 actuellement à 190 000 en 2028, dont 60 000 personnes âgées dépendantes. Une majorité de cette population (85 %) souhaite vieillir chez elle, ce qui pourrait entraîner une augmentation massive de la prise en charge de la dépendance et des pathologies chroniques. Pour la présidente du FNI l’offre de soins n’est pas structurée pour répondre à une telle demande et il serait temps de prendre le taureau par les cornes et d’anticiper les besoins.
Les paradoxes et défis de la prise en charge des patients dépendants
Les patients très dépendants devraient être pris en charge par les services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) ou les services polyvalents d’aide et de soins à domicile (Spasad), mais ces structures ont un budget limité et ne peuvent accueillir un nombre illimité de patients. La collaboration entre les infirmiers libéraux et les SSIAD est essentielle pour répondre aux besoins. Mais le financement actuel des soins infirmiers est un obstacle à cette collaboration « les infirmiers ne peuvent pas prendre en charge plusieurs patients lourds sur une journée, surtout pas avec un tarif en inadéquation avec la charge de travail demandée ». Yveline Cann propose d’externaliser le coût des soins infirmiers pour améliorer cette collaboration.
Un projet d’amendement a ainsi été déposé dans le cadre de la loi visant à bâtir la société du « Bien vieillir ». Celui-ci propose d’expérimenter l’externalisation du financement des soins infirmiers réalisés par le secteur libéral en collaboration avec les SSIAD, permettant de les facturer directement à l’assurance maladie. Cette mesure a déjà été mise en place avec succès lors de la pandémie.
Les avantages de cette mesure incluent la prévention des hospitalisations, l’accès aux services d’un SSIAD pour les bénéficiaires atteints de pathologies chroniques lourdes et l’amélioration de la qualité des soins pour prévenir une dépendance plus importante. Les économies réalisées grâce à la réduction des hospitalisations compenseraient largement les coûts de cette mesure.
Yveline Cann pointe également les contradictions entre la volonté du gouvernement de privilégier le maintien à domicile et la réalité du terrain. L’assurance maladie freine le déploiement du bilan de soins infirmier (BSI), un nouveau mode de rémunération, en raison des coûts trop élevés sur certains territoires. Pourtant, l’enveloppe n’est dépassée que de 1,54 € par jour et par patient dépendant.
Le bilan de soins infirmiers et la création d’un infirmier référent
Yveline Cann explique que le BSI permet de tracer toutes les compétences infirmières mises en place et d’éviter des hospitalisations coûteuses pour les patients. La rémunération est mieux adaptée à la pratique des infirmiers, car plus le patient est dépendant, plus le forfait est élevé.
Enfin, elle plaide pour la création d’un infirmier référent, qui permettrait de mieux connaître la situation à domicile des patients et d’anticiper, par exemple, les sorties d’hospitalisation. Actuellement, l’infirmier est le seul professionnel de santé intervenant à domicile sept jours sur sept et n’est pas inscrit dans la loi en tant que référent.
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