Plus de 98 % des professionnels de santé subissent une souffrance au travail
Vingt mois après une première enquête sur la souffrance au travail, le collectif Santé en danger relance la question. 2 582 professionnels de santé ont participé à une nouvelle enquête. Rien n’a évolué ! 98.4 % affirment rencontrer des difficultés sources de souffrance au travail et si 77,9 % d’entre eux ont déjà été diagnostiqués en burn-out, 71,3 % ont déjà envisagé une reconversion.
Depuis sa création en juillet 2020, le collectif Santé en danger porte la voix de tous les professionnels de santé. La souffrance au travail est l’un des grands thèmes qui fédèrent l’ensemble de ses membres et adhérents. Le collectif Santé en danger mène des travaux sur ce sujet particulièrement grave. Il a été abordé dans son recueil de dysfonctionnement du système de Santé, appelé « Politique de Santé 2.0 » mais aussi, au cours du colloque « Le Vrai Ségur de la santé » en février 2022 à Paris ou plus récemment, en juin dernier, lors du « G 500 Citoyens » à Marseille, en collaboration avec l’Association La France Vraiment.
Les résultats de ce sondage prouvent qu’en deux ans, la situation n’a pas évolué.
- 98.4 % souffrent contre 97,3 % en janvier 2021
- Ils sont même plus nombreux ( 4,2 %) à envisager une reconversion professionnelle : 71,3 % à l’heure actuelle, contre 67,1 % en 2021
- 98.4 % des professionnels de santé ressentent des émotions négatives au travail. 71.7 % ont eu envie de jeter l’éponge, ressentent de la colère et ou de l’agressivité ; 50 % un stress difficilement surmontable ; 45.3 % l’envie de pleurer.
- De ce fait, 24 % d’entre eux sont suivis par un professionnel de santé et 16,6 % suivent un traitement médicamenteux.
- Ils sont seulement 1,6 % à ne pas du tout s’être sentis en difficulté sur le lieu de leur travail. C’est exactement le même pourcentage qu’il y a 20 mois.
Il existe cependant des solutions à ces difficultés qui représentent une souffrance. La considération (79,4 %), l’écoute (74,9 %) ou encore des responsables formés en fonction des spécificités du terrain (59 %). Pour 98,2 % des professionnels interrogés, les difficultés ont augmenté au cours des deux dernières années. Les causes sont diverses : le manque de reconnaissance (75,2 %), le manque de personnel (73,8 %), l’augmentation de la cadence de travail (56,6 %), l’accroissement des tâches administratives (52,8 %) ou encore un manque de sens (44,9 %).
Ces difficultés au travail ont des conséquences. Si 77,9 % de ces professionnels de santé ont été diagnostiqués en burn-out (dont 34 % avec un arrêt de travail de 0 à 3 mois, sachant qu’après un burn-out, 12,8 % ont complètement changé de voie professionnelle), 71,3 % des interrogés envisagent une reconversion, 8,8 % ont des idées suicidaires. Alors qu’en janvier 2021, 97,3 % des professionnels de santé français témoignaient d’une augmentation de leur souffrance au travail, ils sont encore plus nombreux aujourd’hui : 1,1 %. Pourtant, la crise Covid qui avait aggravé la situation pour 73,9 % d’entre eux est passée…
« Après cette enquête, les causes de la souffrance des professionnels de santé sont clairement identifiées. Afin, de stopper ce fléau, les questions liées au manque de reconnaissance, au manque de personnel, à l’augmentation des cadences de travail ou encore à l’accroissement des tâches administratives et aux méthodes d’encadrement devraient faire l’objet d’un effort particulier de la part du ministère de la Santé et de nos tutelles. Le collectif Santé en danger attend un engagement fort, focalisé sur une politique de santé qui axe ses efforts sur l’amélioration des conditions de travail, la prévention et non pas le suivi des personnes en souffrance, alors qu’il est déjà trop tard »
Arnaud Chiche, président du Collectif Santé en danger
Crédit photo : DepositPhotos
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