Covid-19 et soins critiques : le recours à la ventilation mécanique invasive a diminué au profit de techniques non invasives
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), en collaboration avec la société de réanimation de langue française (SRLF), publie les résultats d’une étude sur la prise en charge des patients atteints de Covid-19 dans les unités de soins critiques au cours des trois premières vagues de l’épidémie.
Cette étude montre que le recours à la ventilation mécanique invasive a diminué au profit de techniques non invasives pour pallier les défaillances respiratoires des malades. Par ailleurs, le risque de décès chez les patients hospitalisés en soins critiques est près deux fois plus important chez les patients atteints de Covid-19 que chez ceux atteints de grippe. Enfin, la vaccination contre le Covid-19 est associée à un risque plus faible de ventilation mécanique invasive et de décès.
Entre le 1er mars 2020 et le 30 juin 2021, 106 000 patients atteints de Covid-19 ont été hospitalisés en soins critiques, c’est-à-dire en unités de réanimation, de soins intensifs ou de surveillance continue :
- 25 000 pendant la première vague de l’épidémie (du1er mars au 30 juin 2020),
- 33 000 pendant la deuxième vague (du 1er juillet au 31 décembre 2020),
- 48 000 pendant la troisième (du 1er janvier au 30 juin 2021).
À titre de comparaison, en l’espace de cinq ans, entre 2014 et 2019, 19 000 patients ont été admis en soins critiques pour grippe.
L’âge moyen des patients admis en soins critiques pour Covid-19 est de 66 ans et 64 % sont des hommes. L’âge moyen des patients augmente entre la première et la deuxième vague puis baisse à la troisième, sans doute en lien avec le déploiement de la vaccination qui a ciblé en priorité les plus âgés.
La durée médiane de séjours en soins critiques des patients atteints de Covid-19 est de 7 jours ; elle est comparable à celle de la grippe.
Une diminution du recours à la ventilation mécanique invasive au cours des vagues
Parmi l’ensemble des patients admis en soins critiques pour Covid-19, 34 % ont nécessité une ventilation mécanique invasive contre 47 % pour les patients hospitalisés pour grippe, pour pallier aux défaillances respiratoires induites par ces deux maladies.
La durée médiane de ventilation mécanique invasive est plus longue chez les patients admis en soins critiques pour Covid-19 (13 jours) que chez ceux admis pour grippe (10 jours).
Pour les premiers, on constate une diminution du recours à cette technique au cours des trois premières vagues de l’épidémie (respectivement 42 %, 32 % et 31 %), au profit des techniques de ventilation non invasive, notamment l’oxygénothérapie nasale à haut débit qui est passé de 7 % en première vague à 19 % et 23 % en deuxième et troisième vagues. La baisse du recours à la ventilation mécanique invasive peut être liée à la généralisation de l’utilisation des corticoïdes (qui contribue à diminuer la sévérité de l’atteinte pulmonaire) ainsi qu’aux données encourageantes quant à l’efficacité des techniques non invasives et quant au faible risque de contamination des soignants utilisant ces techniques.
Près de deux fois plus de risque de décès parmi les patients admis en soins critiques pour Covid-19 par rapport à ceux admis pour grippe
La mortalité à l’hôpital des patients pris en charge en soins critiques pour Covid-19 était de 25 % (40 % parmi les patients sous ventilation mécanique invasive) contre 21 % parmi les patients hospitalisés pour grippe (33 % parmi les patients sous ventilation mécanique invasive). Après prise en compte des effets de l’âge, du sexe, de l’état de santé et de la gravité du patient à l’admission, le risque de décès est plus important pendant la deuxième et la troisième vague (respectivement 8 % et 13 % par rapport au risque de décès durant la première). Ce risque est près de deux fois plus important en cas d’admission en soins critiques pour Covid-19 par rapport à une admission pour grippe.
Les personnes vaccinées moins exposées au risque de ventilation mécanique et de décès
Parmi les 48 000 patients pris en charge en soins critiques pendant la troisième vague :
– 670 (un peu plus de 1 %) avaient reçu un primo-schéma vaccinal complet,
- 3 636 (8 %) avaient un primo-schéma vaccinal partiel
À âge, sexe, état de santé (dont immunodépression) et gravité à l’admission fixés, être vacciné est associé à une diminution du risque de ventilation mécanique invasive de près de 50 % et du risque de décès intra-hospitalier de près de 25 %.
691 femmes enceintes ou en post-partum prises en charge en soins critiques
Au cours des trois vagues étudiées, 625 patientes prises en charge en soins critiques pour Covid-19 sont des femmes enceintes et 66 des femmes en post-partum. Une femme sur trois a bénéficié d’une ventilation mécanique invasive. Parmi les 625 femmes enceintes prises en charge à cette période, 66 % ont accouché par césarienne, le double de ce qui est généralement observé pour l’ensemble des grossesses. Environ 45 % des accouchements ont eu lieu prématurément (prématurité induite pour sauvetage maternel le plus souvent), soit environ 7 fois plus que le taux habituel. À âge, état de santé et gravité à l’admission fixés, les risques de ventilation mécanique invasive, de pré-éclampsie et d’hémorragie de la délivrance ne diffèrent pas entre les patientes hospitalisées pour Covid-19 et celles hospitalisées pour grippe. En revanche, le risque de prématurité est plus important parmi les patientes hospitalisées pour Covid-19 ( 71 %).
Crédit photo : DepositPhotos
Descripteur MESH : Soins , Ventilation , Mécanique , Patients , Réanimation , Risque , Recherche , Statistiques , Langue , Patients hospitalisés , Femmes , Santé , Sexe , État de santé , Femmes enceintes , Vaccination , Mars , Mortalité , Césarienne , Personnes , Hommes , Soins intensifs , Éclampsie