#Covid19 : 40 % des internes infectés et contaminants selon une enquête de l’ISNI
Une étude de l’Intersyndicale nationale des internes (ISNI) révèle que si 40,3 % des internes ont manifesté des symptômes évocateurs du COVID-19, la moitié d’entre eux ont continué à travailler tout en étant contagieux. L’étude met également en lumière des déficits majeurs en ce qui concerne l’accès aux tests diagnostiques, aux masques FFP2, et même à une formation adaptée. Autant d’éléments qui confirment l’incurie des autorités, mais aussi des établissements dans l’organisation de la réponse sanitaire face au Covid-19.
L’enquête de l’ISNI, rendue publique le 17 juin s’est déroulée entre le 4 et 19 mai derniers. 981 internes ont ainsi répondu à un questionnaire mis en ligne sur Internet.
Des internes symptomatiques, sans diagnostic ni arrêt maladie
Si 395 internes ont déclaré des symptômes typiques du COVID-19 durant la période, 185 d’entre eux n’ont pas eu accès à des tests diagnostics pour confirmer l’infection. Pire, plus de la moitié d’entre eux (56,5 %) ont continué à travailler après les premiers symptômes et dans certains cas sans masques ni moyens efficaces pour éviter les infections nosocomiales.
Pour ceux qui ont eu la chance d’avoir un arrêt de travail ou pour le moins une éviction du lieu de travail, celui-ci n’a duré en moyenne que 8 jours alors qu’il a été scientifiquement établi que la durée minimum de contagiosité était de 14 jours. Seuls 5 % des arrêts de travail accordés duraient plus de 14 jours.
Par manque d’effectif, les autorités sanitaires ont donc clairement pris le risque de voir se développer des infections nosocomiales mettant ainsi en danger tant que le personnel que les patients hospitalisés.
Pour l’ISNI, « Ces chiffres traduisent une volonté des hôpitaux de ne pas se priver trop longtemps d’un personnel médical indispensable. Certains médecins et internes de médecine du travail ont par exemple montré que les recommandations des sociétés savantes avaient évolué durant l’épidémie afin de se conformer aux besoins en ressources humaines des établissements. »
Autant de révélateurs du manque de personnel à l’hôpital public qui devraient inciter le gouvernement à céder aux revendications des syndicats qui demandent 10 000 postes supplémentaires dans le cadre du Ségur de la Santé.
Deux tiers des internes ont manqué de moyens de protection individuelle
L’enquête de l’ISNI révèle par ailleurs que 64,83 % des internes n’ont pas reçu suffisamment de matériel de protection individuelle (MPI) lors de la crise.
Une interne marseillaise témoigne.
« Personnellement j’ai été appelée pendant une de mes gardes pour un patient fébrile, suspect Covid en attente de sa PCR, j’arrive dans le service, sa chambre est grande ouverte et le patient ne porte pas de masque… Je demande le matériel de protection pour pouvoir examiner le patient. Les infirmières me disent qu’il n’y en a plus, plus de surblouse, plus de charlotte, pas de FFP2, pas de lunettes… Je vais donc examiner le patient avec un masque chirurgical et des gants… Six jours plus tard BINGO. » L’interne sera testée positive au Covid-19 six jours après sa garde.
Le syndicat rappelle que l’examen en chambre d’un patient suspect ou infecté par le coronavirus SARS COV 2 doit être fait avec un kit composé d’un « masque FFP2, de lunettes de protection pour éviter les contaminations par les yeux, d’une charlotte afin que les particules virales aérosolisées lors de la toux ou d’une respiration au travers d’un masque à oxygène ne viennent se déposer dans les cheveux, d’une surblouse pour protéger les vêtements du soignant et de sur-chaussures. »
Pour faire face à la pénurie, 25 % des internes ont déclaré avoir eu recours au « Système D » en utilisant des sacs poubelle en guise de surblouse ou réutilisant du matériel à usage unique. 43.7 % des internes ont déclaré avoir eu recours à des dons pour se protéger.
DES SACS POUBELLES POUR LES SOIGNANTS !
— Cerveaux non disponibles (@CerveauxNon) April 16, 2020
A l'hôpital de la Pitié Salpêtrière, les #soignants ont reçu de nouvelles protections pour soigner les malades du Covid : des sacs plastiques !!#dufricpourlhopitalpublic #OnOublieraPas
1/2 pic.twitter.com/35WZWsFqjH
Des internes livrés à eux-mêmes sans formation
S’il est un domaine dans lequel les approximations sont pour le moins risquées, c’est bien le respect des règles d’hygiène en situation épidémique. Pourtant 17 % des internes n’ont reçu aucune formation dans ces domaines et moins d’un interne sur deux a été formé par son établissement aux risques liés à l’infection au Covid-19 selon l’ISNI.
« L’habillage et surtout le déshabillage d’un patient infecté ou suspect de l’être doivent se faire selon des règles d’hygiène précises pour éviter au soignant à la fois de se contaminer et de contaminer ses collègues ou d’autres patients. Ces règles doivent être apprises pour être efficacement mises en œuvre. »
« Système D » encore, 59,2 % des internes se sont donc résolus à s’autoformer en visionnant des vidéos sur Internet ou en lisant des tutoriels en ligne
Pour le syndicat, « Le fait que les établissements de santé n’aient pas mis tout en œuvre pour former son personnel aux règles d’hygiène essentielles dans une lutte contre une pandémie est tout simplement inacceptable. »
Dans son communiqué, l’ISNI enjoint les autorités à rendre publics les chiffres de contamination des soignants et à diligenter des enquêtes sur les infections nosocomiales de Covid-19.
Elle insiste également sur la nécessité pour tous les internes d’avoir accès gratuitement aux tests sérologiques et de pouvoir bénéficier en cas de positivité d’un suivi individuel par la médecine du travail.
Enfin, prenant l'exemple de l'épidémie d'Ebola, qui décima en quelques semaines le personnel médical des pays africains touchés, laissant la population démunie, l’ISNI rappelle que la protection des soignants en période épidémique est un enjeu majeur et que la France serait bien inspirée de prendre la mesure de ses multiples défaillances.
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