Masques #FFP2, surblouses, lunettes, #SHA : seuls 53 % des #médecins hospitaliers ont accès à un kit de protection complet face au #covid19
Pour apprécier l’évolution des moyens de protections individuels mis à la disposition du personnel soignant hospitalier, le Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes Réanimateur Elargi (SNPHARe) a mené son enquête. Pour le syndicat, même s’il s’est sensiblement amélioré depuis le début de l’épidémie, le niveau de protection des soignants demeure bien trop faible et la pénurie « reste importante ». L’enquête met également en lumière des manquements importants en ce qui concerne le dépistage et la prise en charge des soignants potentiellement contaminés.
À peine la moitié des médecins hospitaliers disposent d’un kit de protection minimal complet
Si les risques d’infection nosocomiale du coronavirus — SARS COV2 sont de plus en plus documentés dans la littérature scientifique, les moyens de protection individuelle mis à la disposition des médecins ne sont toujours au niveau après 6 semaines de confinement.
Masques FFP2, blouses ou sur blouses, lunettes de protection et accès à des solutions hydroalcooliques constituent un kit de protection minimal qui peut être complété selon les situations par des gants et une charlotte.
Selon les résultats de l’enquête, le niveau d’équipement en kit de protection complet mis à la disposition des médecins hospitaliers est passé de 26 % au début de la crise sanitaire à 53 % début avril. Si ces chiffres traduisent une évolution favorable, ils signifient tout de même que près d’un médecin sur deux n’est pas correctement équipé à l’hôpital en dépit des risques infectieux manifestes.
31 % des médecins ont des difficultés d’accès aux masques FFP2
L’accès au masque FFP2 demeure problématique pour 31 % des médecins interrogés. 19 % y ont accès, mais en quantité insuffisante alors que 12 % n’y ont tous simplement pas accès. Ces chiffres étaient de 30 et 23 % au début de la crise.
En ce qui concerne les masques chirurgicaux, les conditions d’accès s’améliorent (7 % des médecins ont des difficultés vs 29 % en début de crise. Idem pour les lunettes de protection [27 % vs 47 %]
La disponibilité des blouses reste un sujet très problématique : la tension existe depuis le début de la crise sanitaire et ne s’améliore pas (50 % de pénurie pour les blouses étanches (37 % en début de crise vs 35 % actuellement pour les surblouses en plastique) ; cela implique de limiter les interventions auprès du patient, ce qui lui est délétère, et/ou de prendre des risques de contamination pour soi-même…
La disponibilité des gants couvrant les avant-bras est très faible (manque ou absence 72 % vs 68 % actuellement).
Seuls 4 % des médecins sont dépistés régulièrement
Si 82 % des répondants pensent pouvoir accéder à un test PCR dans leur établissement, seuls 4 % des répondants déclarent être dépistés systématiquement. En cas de symptômes, 32,3 % d’entre eux doivent entreprendre cette démarche en passant par leur cadre.
44 % des médecins présentant des symptômes continuent à travailler dans l’attente des résultats du dépistage. 47 % sont mis en arrêt de travail.
Si les résultats sont négatifs, ils sont 12 % à reprendre le travail sans masque et 79 % à faire de même, mais avec un masque.
Si les résultats sont positifs, 82 % des répondants sont arrêtés pour une durée de 7 à 14 jours et 16 % reprennent le travail si leur état le leur permet. Lorsqu’ils reprennent leur poste, le port du masque est facultatif pour 7 % d’entre eux.
Concernant le taux de contamination des soignants dans l’établissement, 24 % des répondants ont une information sur le nombre de soignants COVID , et 37 % observent une omerta sur ce taux local de contamination.
« Le risque de pénurie de personnel a encouragé les pouvoirs publics à alléger, pour les professionnels de santé, les recommandations en vigueur pour la population générale en termes d’isolement et d’arrêt de travail, majorant ainsi le risque de contamination intersoignant et des soignants aux patients. »
Le SNPHARE demande
- De mettre tout en œuvre sans délai pour équiper complètement l’ensemble des soignants
– médicaux et paramédicaux — quel que soit leur lieu et mode d’exercice : commandes de matériels, sollicitation des industriels — notamment du textile et du plastique — pour transformer leurs outils de production vers du matériel sanitaire, notamment blouses étanches et surblouses en plastique
- De permettre un accès libre et facile aux masques chirurgicaux dès l’entrée des soignants dans leurs locaux d’exercice, notamment à l’hôpital, mais aussi dans leur vie quotidienne
- De faciliter le dépistage des soignants symptomatiques : accès automatique à la PCR au moindre doute, et accès prioritaire aux sérologies dès qu’elles seront disponibles
- De procéder à un dépistage systématique — au minimum hebdomadaire — des professionnels de santé asymptomatiques
- De procéder à une surveillance sérologique régulière des professionnels de santé afin
d’évaluer le taux de contamination, dès que les sérologies seront disponibles
- De rendre ces résultats publics, au même titre que le nombre de patients diagnostiqués, en population générale et dans les EHPAD, en réanimation, et le nombre de patients décédés, lors de la présentation quotidienne de la DGS
- De reconnaître dès maintenant le COVID-19 des soignants en maladie professionnelle et de faciliter les démarches pour ces soignants ou pour leurs ayants droit.
Méthodologie de l’enquête
« COVID-PRO », tel est le nom de l’enquête menée par le SNPHARe du 7 au 17 avril 2020 et rendue publique le 21 avril. Un questionnaire a été diffusé par Internet à l’ensemble du personnel hospitalier référencé dans les fichiers du syndicat.
L’enquête a recueilli 1305 réponses. 97 % des répondants sont des médecins, 94 % d’entre eux exercent en CH ou CHU. 48 % sont exposés à des patients COVID dans les services d’hospitalisation, 26 % en consultation, 26 % au bloc opératoire ou en maternité, 21 % en réanimation, 19 % aux urgences.
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