Renouvellement des lunettes  : les ophtalmologistes déplorent le manque de coordination des opticiens

Renouvellement des lunettes  : les ophtalmologistes déplorent le manque de coordination des opticiens Selon une étude pilotée par le syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF), les ophtalmologistes constatent dans une large majorité les manquements des opticiens qui n'assumeraient pas leur obligation de retour d'information auprès du prescripteur dans le cadre du renouvellement des lunettes, autorisé depuis 2007. Un manque de coordination qui nuit au suivi médical et qui pourrait impacter la santé des patients.

Depuis 2007 et afin de raccourcir les délais de prise en charge, il est possible pour les opticiens-lunetiers de renouveler et même d’adapter les verres correcteurs des patients à partir d’une ordonnance médicale initiale de moins de 3 ans. Aujourd’hui, 15 % des lunettes seraient renouvelées directement chez l’opticien qui dans 20 % des cas adapterait lui-même le degré de correction des montures aux besoins des patients.

Cette opportunité donnée aux opticiens s’accompagne de plusieurs obligations :
– informer le prescripteur de l’adaptation des montures ;
– s’interdire toute forme de publicité sur l’examen de la réfraction ;
– disposer d’un espace isolé phoniquement et visuellement pour réaliser l’examen

Le SNOF a voulu faire le point sur ce dispositif et a interrogé 716 ophtalmologistes du 19 au 30 avril 2019.

Une large adhésion des ophtalmologistes ...

81 % des ophtalmologistes sont favorables à la possibilité donnée aux patients de renouveler leurs lunettes chez l’opticien à partir d’une ordonnance médicale valide. Mieux encore les cas d’opposition au renouvellement sont peu fréquents puisque 95 % d’entre eux n’indiquent jamais la mention « non renouvelable », sauf si l’état clinique du patient le justifie.

Malgré le faible niveau de retour d’information de la part des opticiens

Moins d’un message par semaine. Voilà ce que les ophtalmologistes révèlent recevoir de la part des opticiens. Ils estiment même que plus de 8 opticiens sur 10 ne transmettent pas d’information au prescripteur lors d’une modification de verres correcteurs, et ce malgré leur obligation d’information et le risque d’amende. Pourtant, les ophtalmologistes tiennent particulièrement à ce retour et 76 % d’entre eux consignent systématiquement cette information quand elle existe. Ce déficit d’échange de la part des opticiens peut expliquer que 60 % des ophtalmologistes ne souhaitent pas l’augmentation du taux de renouvellement et jugent à 42 % que les opticiens sont insuffisamment formés pour l’effectuer.

Le Dr Thierry Bour explique : « Les ophtalmologistes se mobilisent pour simplifier le parcours de soins oculaires dans l’intérêt du patient. Cet effort ne doit cependant pas être à sens unique : les opticiens doivent prendre leurs responsabilités. Alors que la majorité des médecins sont favorables à cette pratique, il ne faudrait pas que la délivrance de matériel optique entraîne une démédicalisation au détriment de la santé du patient. C’est pourquoi des efforts doivent être faits pour renforcer l’information vers les ophtalmologistes, garants de la filière visuelle. L’accélération de la numérisation du parcours de santé est une opportunité pour améliorer la coordination et la transparence entre les acteurs, au bénéfice des patients. »

 

86 % des ophtalmologistes opposés à la suppression de l’obligation d’ordonnance pour avoir droit au remboursement des verres correcteurs

Si ce dispositif participe à la réduction des délais de délivrance des équipements, pour les ophtalmologistes il est primordial que le parcours de soins demeure sécurisé. Et pour eux, cela passe non seulement par une amélioration significative de la communication des opticiens, mais également par le maintien de l’obligation d’ordonnance qui permet un examen médical régulier de la population pour dépister et prendre en charge les pathologies oculaires accompagnant les évolutions réfractives des patients. Ces pathologies évoluent fréquemment à bas bruit pendant de nombreuses années, sans que le patient s’en rende compte.

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