Les députés autorisent les pharmaciens à diagnostiquer et à prescrire

Les députés autorisent les pharmaciens à diagnostiquer et à prescrire Après la vaccination antigrippale, voici deux nouvelles compétences que le médecin pourrait partager avec le pharmacien : le diagnostic et la prescription. C’est en tout cas le sens de l’amendement qui a été adopté mercredi dernier en commission des affaires sociales et qui permettrait aux pharmaciens de deux régions pilotes de délivrer sans prescription médicale des médicaments qui habituellement requièrent une ordonnance du médecin. Cet amendement provoque un tollé chez les syndicats médicaux.

En l’état, le texte prévoit d’expérimenter dans deux régions « la dispensation, par les pharmacies d’officine, de certains médicaments à prescription médicale obligatoire dans le cadre d’un protocole médical et de coopération conclu avec le médecin traitant et les communautés de santé des structures d’exercice coordonnée ». La liste des médicaments et les conditions de délivrance directes seront fixées par décret.

Libérer du temps médical pour favoriser l’accès aux soins

C’est pour simplifier les coopérations entre professionnels de santé et éviter le recours systématique à des voies dérogatoires complexes que les députés de la majorité présidentielle justifient cet amendement. Ce texte est en phase avec la stratégie du gouvernement qui vise à développer les délégations de compétences pour « libérer du temps médical » et en fin de compte lutter contre les déserts médicaux.

Concrètement, des protocoles devront être conclus avec le médecin traitant ou au sein des communautés professionnelles territoriales de santé pour définir des arbres de décisions utilisés par les pharmaciens pour assurer la sécurité de la dispensation directe.

En Suisse, 20 % des officines proposent ce service, via la réseau NetCare, pour traiter la cystite, la conjonctivite ou l’eczéma.

« Si on peut soigner des maladies comme la cystite par exemple, qui sont diagnosticables par un bon interrogatoire, sans passer par la case médecin, alors on le fait », explique au Figaro la députée des Alpes de Haute-Provence Delphine Bagarry, à l’origine de l’amendement.


Phillipe Besset, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, se satisfait de la mesure en expliquant qu’à défaut d’envoyer les patients aux urgences il arrive aux pharmaciens de faire des entorses à la loi pour dépanner leurs clients un dimanche ou en l’absence du médecin. Avec ce projet, les pharmaciens pourront à la fois rentrer dans un cadre réglementaire et aussi automatiser l’information du médecin traitant par l’intermédiaire du dossier médical partagé qui sera mis en place au même moment.


Remettre le pharmacien dans son rôle de soignant en l’autorisant à diagnostiquer puis à prescrire.

Cette proposition fait suite à la publication du décret « conseils et prestations » et  à un rapport remis en début de semaine à la ministre de la Santé qui recommande de définir un panier de soins de base pour lesquels les pharmaciens pourraient se positionner en premiers recours et fournir les premiers traitements.


« On pourrait y mettre le mal de gorge, qui pousse certains patients à aller inutilement aux urgences, les infections urinaires débutantes, les allergies saisonnières pour lesquelles le patient prend chaque année le même médicament... » Thomas Mesnier, médecin et député LREM.

 

Si pour les pharmaciens, il s’agit d’un changement de modèle économique où les honoraires prennent de plus en plus de place par rapport à la vente de médicaments ou de matériel médical, pour les syndicats de médecins libéraux, c’est un décloisonnement des compétences qui va faire l’effet d’un chiffon rouge devant un taureau de combat

Le CSMF dénonce une remise en cause des contours du métier et revendique le diagnostic médical et la prescription de médicaments comme l’apanage du médecin. Jean-Paul Ortiz, son président explique par ailleurs que la médecine ne peut pas être mise dans des protocoles généraux. Il y voit des risques pour les cas particuliers que constitue chaque patient.

Si le président de la FMF se demande à quoi jouent les députés, MG France déplore l’absence de concertation et s’offusque de la méthode qu’il juge inacceptable.

« Pour soigner un mal de gorge, on n’a pas besoin d’avoir fait dix ans de médecine. » Thomas Mesnier

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