Tuberculose : les recommandations de l'OMS montrent leurs limites dans des conditions particulières
Une étude épidémiologique publiée dans le Lancet montre qu'un taux de guérison de 86 % des nouveaux cas de tuberculose ne suffit pas à limiter la transmission de la bactérie Mycobacterium tuberculosis au sein d'un communauté de mineurs d'Afrique du Sud. Malgré une prise en charge soignée des nouveaux cas, au moins 50 % des cas de tuberculose étaient dus à une transmission au sein de la communauté.
Le Dr P. Godfrey-Fausset (London School of Hygiene and Tropical Medicine) et plusieurs collaborateurs ont effectué une étude prospective sur la tuberculose-maladie chez les ouvriers d'une mine d'or.
Cette population est caractérisée par un des taux de tuberculose les plus élevés dans le monde, en raison de plusieurs facteurs : la forte endémie de la tuberculose dans les régions d'où sont originaires les mineurs, l'exposition à la poussière de silice, la promiscuité et plus récemment l'infection au VIH.
Cette étude épidémiologique était basée sur l'analyse génétique (empreintes génétiques) des souches de M. tuberculosis et sur une caractérisation bactériologique conventionnelle. L'empreinte génétique permet de caractériser la souche de M. tuberculosis présente chez un patient.
Dans les groupes de patients qui présentent des empreintes de M. tuberculosis identiques, on suppose une transmission récente au sein de la communauté. Chez un patient, une empreinte isolée correspond plus vraisemblablement à une réactivation.
Au total, 438 patients tuberculeux ont été identifiés. Un service de prise en charge gratuit était mis à la disposition des employés de la mine. Une antibiothérapie était proposée aux malades.
Les auteurs indiquent qu'au moins 50 % des cas de tuberculose étaient dus à une transmission au sein de la communauté de mineurs et ce malgré un taux de guérison de 86 % pour les nouveaux cas identifiés. Ce taux correspond aux objectifs de guérison fixés par l'OMS, précisent les auteurs. Ils ajoutent qu'environ un tiers des cas pourrait être lié à une interruption du traitement chez les malades identifiés.
Dans leur conclusion, Godfrey-Fausset et al soulignent que le taux de guérison recommandé par l'OMS ne permet pas d'interrompre la transmission de la tuberculose dans ce contexte particulier. Ils proposent un dépistage actif des nouveaux cas et une prise en charge plus précoce. De plus, des outils de surveillance plus adaptés à ces conditions particulières semblent nécessaires.
Source : Lancet 2000; 356: 1066-71
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