Œdème de Quincke de la nuque induit par l’aspirine, avec réaction croisée pour le naproxène sodique
Des dermatologues belges rapportent dans les Annales de médecine interne une observation d’angio-œdème limité à la nuque, apparaissant tous les matins depuis 15 jours, 2 à 3 heures après la prise d’aspirine.
Comme le rappellent les Dr Pierre-Diminique et Emile Ghislain du service de dermatologie des Cliniques Saint-Luc de l’Université de Louvain, l’asthme induit par l’acide acétylsalicylique est bien connu, et l’angio-œdème est une autre manifestation de l’hypersensibilité à l’aspirine. Ils rapportent une observation pour laquelle le diagnostic n’a pas été posé immédiatement. Une récidive induite par le naproxène sodique a été observée quelques semaines plus tard.
Le patient, un homme de 46 ans, présentait depuis 2 semaines des nouures sous-cutanées sur la nuque et le cuir chevelu. Il s’agissait de placards indurés profonds, diffus, qui apparaissaient quotidiennement vers 10 heures du matin et se résorbaient en soirée.
En surface, l’épiderme avait un aspect normal. Il n’y avait ni douleur, ni prurit. En d’autres termes, l’angio-œdème était isolé, sans urticaire.
Le patient, qui avait une hypertension artérielle essentielle diagnostiquée 2 ans auparavant, prenait de l’aspirine tous les jours depuis 2 ans. En effet, ayant lu que l’aspirine pouvait être utilisée en prévention de certains troubles circulatoires, le patient prenait ce médicament de sa propre initiative un comprimé de 100 mg chaque jour à 7 heures.
Les accès d’angio-œdème ont disparu à l’arrêt de l’aspirine.
Quelques semaines plus tard, le patient présenta une intolérance croisée au naproxène sodique, avec des symptômes aggravés, en l’occurrence apparition soudaine, vers 1 heure du matin, d’un érythème et d’un œdème suitant du cuir chevelu et du visage, avec des placards urticariens typiques dans la région inguinale et près des oreilles. Le prurit était important.
Le calcul d’imputabilité, selon les critères officiels de la pharmacovigilance, ont abouti à une côte I3, c’est-à-dire à une imputabilité intrinsèque vraisemblable, tant pour l’aspirine que pour le naproxène.
Un traitement par méthylprednisolone a été entrepris avec succès.
L’anamnèse révéla la prise à 21 heures, la veille, d’un comprimé de naproxène sodique à 550 mg, pour une crise d’arthrose scapulaire.
Les auteurs précisent que, quelques mois plus tôt, ce patient avait pris ce médicament sans aucun effet secondaire, à raison de 2 comprimés par jour pendant 3 jours.
« Par cette observation, concluent les auteurs, nous voulons montrer que l’angio-œdème induit par un médicament peut se manifester sous des formes atypiques et qu’une anamnèse médicamenteuse approfondie trouve ici sa pleine justification ».
Source : Annales de médecine interne, 2000 ; 151, 227-9.
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