Troubles psychologiques et maltraitance : des abus durant l'enfance créeraient une prédisposition hormonale

Les troubles psychologiques rencontrés par des femmes victimes d'abus sexuels ou physiques durant leur enfance seraient causés par un trouble hormonal persistant. Une étude américaine publiée dans le Journal of American Medical Association indique également que ce résultat souligne l'importance de la prévention des troubles liés à une maltraitance durant l'enfance.

Le Dr C. Nemeroff (Emory University School of Medicine, Atlanta) et des collègues allemands et américains ont étudié la réponse au stress chez des femmes victimes d'abus durant leur enfance.

La cohorte étudiée était composée de trois groupes distincts : 13 femmes dépressives victimes d'abus pendant l'enfance, 14 femmes non dépressives et victimes d'abus et 10 femmes dépressives sans antécédent d'abus physique ou sexuel. Un groupe contrôle était composé de 12 femmes qui ne présentaient pas de troubles psychiatriques et qui n'avaient pas été maltraitée.

Les auteurs ont mesuré chez ces sujets les taux d'ACTH (hormone corticotrope ou corticotropine), de cortisol et le rythme cardiaque durant une épreuve de stress standardisée. Les sujets disposaient d'une phase de préparation de 10 min avant d'effectuer une intervention orale et des tâches arithmétiques devant une audience.

"Les femmes victimes d'abus, dépressives ou non, présentaient une augmentation en ACTH supérieure à celle du groupe contrôle ou des non-dépressives", déclarent les chercheurs.

Ce résultat est particulièrement marqué pour les femmes abusées et dépressives, pour lesquelles la réponse en ACTH était 6 fois supérieure à celle du groupe contrôle. Pour ces femmes, les pics de cortisol et d'accélération du rythme cardiaque étaient plus élevés.

L'ACTH est sécrétée par l'intermédiaire du CRF (Corticotropin Releasing Factor). Les auteurs soulignent à ce sujet l'utilité éventuelle d'antagonistes du récepteur du CRF dans "la prévention et le traitement des états psychopathologiques liés à un stress précoce". Ils ajoutent que ces molécules sont en cours d'évaluation pour le traitement de la dépression.

Source : JAMA 2000;284:592-597