Les personnes exposées au VIH mais non infectées présentent des anomalies du système immunitaire
Les sujets exposés au VIH mais non infectés sont en fait plus proches sur le plan immunologique des individus infectés par le VIH que des personnes saines séronégatives, indique une étude menée par l’équipe de Mario Clerici (Milan) et présentée lundi au 12e Colloque des ‘Cent Gardes’.
L’exposition au virus du sida n’entraîne pas, on le sait, obligatoirement une infection. Des sujets toujours séronégatifs pour le VIH ont été identifiés dans certains groupes à haut risque : des prostituées au Kenya et en Thaïlande, des femmes partenaires sexuels d’hommes séropositifs en Toscane.
Le rôle crucial de l’immunité muqueuse
De récentes études sur l’immunité muqueuse de femmes exposées au VIH mais non infectées ont montré la présence d’IgA spécifiques du VIH dans leurs sécrétions cervico-vaginales.
Par ailleurs, il vient d’être montré dans un travail soumis à publication que des IgA purifiées issues des sécrétions cervico-vaginales de ces femmes exposées au VIH mais non infectées sont capables de neutraliser des isolats primaires R5 (isolats ainsi nommés car ils utilisent la protéine membranaire CCR5 comme co-récepteur) et des isolats X4 (qui utilisent CXCR4 comme co-récepteur) appartenant à différents sous-types de VIH-1.
Par ailleurs, des chercheurs ont rapporté ces dernières années qu’une immunité mucosale protectrice vis-à-vis du virus de l’immunodéficience simienne (SIV) peut être induite après immunisation de ganglions iliaques lymphatiques. De même, une protection vis-à-vis d’une infection intrarectale a pu être obtenue chez des chimpanzés après immunisation par voie orale.
Enfin, des résultats récents montrent qu’un protection vis-à-vis du VIH est corrélée à l’augmentation du nombre de plasmocytes sécréteurs d’IgA.
Récemment, le groupe de Mario Clerici de l’Université de Milan a entrepris d’analyser l’expression de cytokines, de co-récepteurs du VIH, et l’état d’activation des lymphocytes T du sang périphérique de sujets exposés au VIH mais non infectés, d’individus VIH+, et de femmes séronégatives pour le VIH et à faible risque d’infection.
Séronégativité ne signifie pas normalité
Ce chercheur a observé un profil particulier en cytokines (interleukine-6, interleukine-10, interféron gamma, Tumor Necrosis Factor alpha et bêta) dans les biopsies génitales et les cellules mononucléées du sang périphérique de femmes exposées au VIH mais non infectés et des femmes infectées par le VIH, mais pas chez des femmes non infectées.
Mario Clerici indique par ailleurs la présence du taux élevés d’ARN messagers de CCR5 et de CXCR4 dans les biopsies génitales à la fois chez des femmes exposées au VIH mais non infectés et des femmes infectées par le VIH. De plus, dans ces deux catégories, les cellules mononucléées du sang périphérique ont un profil immunophénotypique caractéristique de cellules activées.
“De profondes altérations immunitaires sont donc associées à l’exposition au VIH chez des femmes chez lesquelles une infection à VIH ne peut pourtant être détectée à partir de paramètres virologiques, immunologiques et cliniques”, déclare le chercheur italien.
“Ces résultats indiquent qu’une infection active à VIH n’est pas indispensable à une activation lymphocytaire T, et laissent à penser qu’une infection latente, confinée aux muqueuses et contrôée par le système immunitaire, pourrait survenir chez des individus exposés au VIH mais non infectés”, conclut-il.
Source : 12e Colloque des ‘Cent Gardes’ : rétrovirus du sida et maladies animales apparentées. Marnes-la-Coquette. 25-27 octobre 1999, organisé par la Fondation Mérieux et Pasteur Mérieux Connaught, en collaboration avec l’Agence Nationale de Recherches sur le Sida (ANRS).
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