VIH/SIDA : Des bénéfices de l'interleukine 2 en association avec les antirétroviraux
L'interleukine 2 en combinaison avec un traitement antirétroviral permet d'augmenter le nombre de CD4 chez les patients infectés par le VIH. De plus, ce traitement entraîne une réduction significative de la charge virale par rapport aux thérapies antirétrovirales classiques.
Le Dr R. Davey du National Institute of Health (Bethesda, USA) et ses collaborateurs rapportent dans le JAMA du 12 juillet 2000 les résultats d'un essai multicentrique visant à évaluer l'apport de l'interleukine 2 (IL-2) dans le traitement de l'infection à VIH par des antirétroviraux.
Cet essai randomisé et contrôlé s'est déroulé entre avril 1996 et avril 1998 dans huit établissements de soins américains. Les 82 patients retenus pour cet essai étaient infectés par le VIH. Le taux de CD4 était compris entre 200 et 500 cellules / µl et la charge virale était inférieure à 10.000 copies d'ARN / ml. Séparés en deux groupes, 39 ont reçu une thérapie antirétrovirale et de l'IL-2 et 43 ont reçu la thérapie antirétrovirale seule (groupe contrôle) ; 78 ont terminé l'essai.
L'IL-2 a été administrée en sous-cutanée : 7,5 mUI toutes les 12 heures pendant 5 jours, 6 cycles espacés de 8 semaines environ.
Après un an de traitement, le nombre de CD4 avait augmenté de 112 % (+/- 113 %) en moyenne dans le groupe IL-2 contre seulement 18 % (+/- 35 %) dans le groupe contrôle. Aucun cas de SIDA ne s'est déclaré durant l'étude.
L'augmentation du nombre de CD4 était corrélée à la dose moyenne d'IL-2 reçue au cours des 6 cycles. Pour des doses moyennes de [< 3 mUI], [3,0-4,4 mUI], [4,5-5,9 mUI] et [6,0-7,5 mUI] l'augmentation du nombre de CD4 était respectivement égale à 34 %, 42 %, 119 % et 207 %.
Les chercheurs ont également noté une diminution plus importante de la charge virale chez les sujets traités par l'IL-2. : 67 % des patients traités à l'IL-2 évalués avaient une charge virale inférieure à 50 copies d'ARN / ml contre 36 % dans le groupe contrôle.
Les principaux effets secondaires (fièvre, asthénie, arthralgie, myalgie) ont conduit à une diminution du dosage d'IL-2 et éventuellement à un arrêt ponctuel selon la sévérité des symptômes.
"Nos données soutiennent l'hypothèse que l'IL-2 pourrait être associée à une suppression du VIH accrue et durable ainsi qu'à une augmentation significative de la réponse des CD4", notent les auteurs.
Ils ajoutent toutefois que l'utilisation d'IL-2 à long terme nécessitera un ajustement des dosages chez certains patients en raison d'effets secondaires largement prévisibles. Il faudra enfin vérifier que cette évolution biologique positive s'accompagne d'une amélioration à long terme de l'état clinique du patient.
Source : JAMA 2000;284:183-189. Communiqué de presse du JAMA.
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