Prothèse totale de la hanche ou du genou : intérêt d'un traitement prolongé avec des héparines de faible poids moléculaire

Les héparines de faible poids moléculaire sont utilisées en prophylaxie après une prothèse totale de la hanche ou du genou. Une étude parue dans le journal Annals of Internal Medicine suggère que la prise d'ardéparine après la sortie de l'hôpital ne réduit pas de façon significative l'incidence des décès ou des thromboembolismes veineux. Cependant, la prolongation de ce traitement prophylactique durant 6 semaines pourrait bénéficier à certains patients à risque.

Le Dr J. Heit (Mayo Clinic, Rochester, Minnesota) et ses collègues rappellent dans leur publication que "la durée optimale de la prophylaxie du thromboembolisme veineux après une prothèse totale de la hanche ou du genou reste incertaine".

Ces auteurs ont étudié l'effet d'un traitement prolongé à base d'ardéparine. Cette étude multicentrique et randomisée a été conduite en double aveugle avec un contrôle placebo.

Au total, 1.195 adultes opérés pour une prothèse totale de la hanche ou du genou ont participé à l'étude. Tous ont reçu de l'ardéparine pendant 4 à 10 jours après l'intervention chirurgicale.

Ces patients ont été séparés en deux groupes à leur sortie de l'hôpital : 607 ont reçu de l'ardéparine en sous cutané (100 anti-Xa UI/kg/jour pendant 6 semaines) et 588 un placebo. Les fréquences de décès et des autres complications ont été analysées 12 semaines après l'opération.

Les médecins indiquent que le nombre de thromboembolismes veineux et de décès ne différaient pas significativement entre les deux groupes : 9 cas (1,5 %) dans le groupe ardéparine et 12 cas (2 %) dans le groupe placebo.

Selon les auteurs, l'extension du traitement ne conduit pas à un bénéfice significatif et permettrait au maximum une réduction de 2 % du nombre de ces complications.

"Des recherches devraient identifier les patients à haut risque qui pourraient bénéficier de cette prophylaxie étendue", concluent les médecins.

La conception de cette étude amène à une limitation. Il se pourrait en effet que ce traitement prolongé soit plus profitable dans un des cas de chirurgie (hanche ou genou) seulement.

Source : Annals of Internal Medicine 2000;132:853-861