Un gène qui fait pousser les poils chez la souris
L’expression transitoire et localisée dans la peau d’un gène impliqué dans la croissance des follicules pileux embryonnaires provoque la croissance de poils chez la souris, indiquent des chercheurs américains. Ils entrevoient que cette approche par thérapie génique puisse servir à traiter chez l’homme certaines formes d’alopécie, notamment celles induites par les chimiothérapies.
Le Pr Ronald Crystal et ses collaborateurs du Weill Medical College de l’Université Cornell de New York ont injecté par voie intradermique un adénovirus recombinant porteur du gène ‘Sonic hedgehog’ (Shh) à des souris âgées de seulement 19 jours, à la peau totalement glabre.
Les chercheurs ont observé chez les souris traitées une accélération de la phase de croissance des follicules pileux avec augmentation de leur taille et développement de la mélanogénèse. Rien de tel n’a été noté chez les souris contrôles qui n’avaient reçu qu’un vecteur viral dépourvu de transgène.
Après deux semaines, une accélération de la pousse de nouveaux poils a été observée dans la région dans laquelle l’adénovirus porteur du gène Shh avait été injecté. Au bout de 6 mois, des poils normaux s’étaient développés sur cette seule zone cutanée, de morphologie tout à fait normale par ailleurs.
Ces observations montrent que Shh déclenche une phase de croissance des follicules pileux quiescents, qui se traduit par la pousse de poils uniquement dans la zone traitée. Ce gène semble donc agir comme un commutateur génétique qui modifie le cours naturel du développement du système pileux.
Ces résultats, publiés dans The Journal of Clinical Investigation, laisse entrevoir une nouvelle approche thérapeutique de l’alopécie basée sur une surexpression transitoire et localisé d’un gène jouant un rôle fondamental dans la régulation de la croissance des follicules pileux.
“Une telle stratégie pourrait s’avérer intéressante pour traiter certaines formes d’alopécie associées à la chimiothérapie, de la même manière que des facteurs de croissance hématopoïétiques sont utilisés pour accélérer la récupération des progéniteurs médullaires”, écrivent les auteurs.
Selon eux, l’expression d’autres gènes, proches de Shh et également impliqués dans le développement des follicules pileux, pourraient avoir les mêmes effets stimulateurs sur la croissance capillaire.
Il reste que pour le moment, il est impossible de prédire que le produit du gène Shh aura une quelconque utilité pour restaurer la croissance des cheveux d’une peau malade. Les effets du gène Shh pourraient dans un premier temps être évaluées sur des lambeaux de cuir chevelu humain greffés à des souris (xénogreffes), commente dans un éditorial accompagnant l’article le Dr Andrzej Dlugosz du département de dermatologie de l’Université du Michigan à Ann Arbor).
D’autres travaux seront nécessaires afin de savoir si cette approche par thérapie génique serait applicable à l’alopécie androgénique commune. En effet, souligne le Dr Dlugosz, cette affection est caractérisée par une réduction progressive de la durée de la phase de croissance et une taille anormalement petite des follicules. Selon lui, stimuler la phase de croissance des follicules sans rétablir l’architecture normale des follicules ne devrait pas permettre d’atteindre le résultat escompté.
Cela dit, conclut ce spécialiste, une meilleure compréhension des mécanismes de régulation génétique du développement capillaire s’accompagnera certainement dans l’avenir de nouvelles possibilités thérapeutiques pour restaurer la croissance des follicules.
The Journal of Clinical Investigation. Octobre 1999, Vol. 104, N°7, 851-853.
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