Tabac et Alzheimer : peut-être la fin d'une polémique
Une étude prospective anglaise publiée dans le British Medical Journal ne montre pas d'association entre la consommation de tabac et la maladie d'Alzheimer ou d'autres démences. Ce résultat remet fortement en question des études antérieures qui semblaient indiquer que le tabac pouvait protéger des démences ou en retarder l'apparition.
Une publication signée du Pr R. Doll et de ses collaborateurs (Clinical Trial Service and Epidemiological Studies Unit, Radcliffe Infirmary, Oxford) expose les résultats d'une enquête prospective menée auprès de plus de 34.400 médecins de sexe masculin. Cette étude, initiée en 1951, a permis d'évaluer la consommation de tabac dans cette population. Ces données individuelles ont été régulièrement mises à jour (tous les 6 ou 12 ans) jusqu'à la fin de l'étude en 1998.
Au 31 décembre 1998, 24.133 décès avaient été enregistrés. L'analyse principale des auteurs concernait 473 décès (survenus en moyenne à 81 ans) pour lesquels une démence avait été diagnostiquée. Le risque de démence était le même dans la population de fumeurs réguliers et dans la population de non-fumeurs (qui comprenait ceux qui avaient arrêté depuis 34 ans en moyenne). Le risque relatif (risque fumeurs / risque non-fumeurs) mesuré par les auteurs était égal à 0,96 (0,78 à 1,18).
Si l'on considère uniquement les cas de maladie d'Alzheimer parmi ces décès, on ne note pas non plus de différence entre les fumeurs et non-fumeurs (risque relatif = 0,99).
Contrairement aux conclusions de travaux précédents, ces résultats indiquent que la consommation de tabac ne réduit pas les risques de maladie d'Alzheimer. Selon les auteurs, ces résultats contradictoires résultaient principalement de la taille des populations dans les études précédentes et du fait que la consommation de tabac n'était pas rapportée par les malades eux-mêmes mais par leur entourage.
Cependant, on peut toutefois souligner que cette nouvelle étude présente néanmoins quelques limitations. En effet, bien que son effectif soit important, elle ne concerne que des hommes exerçant une profession médicale. De ce fait, de possibles différences entre les sexes ne peuvent être envisagées par une telle analyse. De plus, ces médecins ont pu développer des habitudes ou des comportements en matière de santé différents de ceux du reste de la population.
Source : BMJ. 2000;320:1097-1102
Descripteur MESH : Maladie d'Alzheimer , Tabac , Maladie , Association , Risque , Population , Démence , Médecins , Habitudes , Hommes , Santé , Sexe