Cancer du poumon : les estrogènes stimuleraient la croissance tumorale

Les estrogènes stimuleraient la croissance des tumeurs cancéreuses du poumon selon des travaux présentés à San Francisco lors du congrès annuel de l'American Association for Cancer Research. Ces recherches, menées par le Dr J. Siegfried, ont permis pour la première fois de démontrer une accélération de la croissance des tumeurs des cancers du poumon non "à petites cellules" (non APC) en présence d'estrogènes.

Le Dr Siegfried et ses collaborateurs (Université de Pittsburgh) on montré que dans le cas du cancer du poumon, les cellules cancéreuses présentent plus de récepteurs aux estrogènes (RE) que les cellules saines. Cette indication suggère que ces hormones sont capables de stimuler la croissance des tumeurs.

Les auteurs ont étudié la répartition des RE-alpha et RE-bêta dans les cellules cancéreuses du poumon et ont comparé cette répartition avec celle d'un tissu sain. Ils ont ainsi montré que les tissus sains présentent rarement un taux de RE-alpha détectable tandis que les cellules tumorales sont caractérisées par des niveaux plus élevés de RE-alpha. Par contre, les RE-bêta sont présents dans les deux types cellulaires. Des expériences de culture de cellules issues de cancer du poumon ont montré une accélération de la mitose en présence d'estrogènes. De plus, cette stimulation de la croissance est retrouvée dans un modèle animal. Enfin, les anti-estrogènes inhibent la stimulation de la croissance tumorale. L'ensemble de ces résutats semble indiquer que les estrogènes jouent un rôle majeur dans le développement des cancers du poumon.

"Ces résultats sont importants pour la compréhension du cancer du poumon chez la femme", selon le Dr. Siegfried. Les cancers du poumon non APC représentent, selon les auteurs, 80 % des cancers du poumon. Des travaux antérieurs ont indiqué que les femmes développent cette affection plus tôt que les hommes et avec une exposition au tabac plus limitée. Ces résultats ont donc conduit les chercheurs à envisager un mécanisme biologique "féminin" sous-jacent.

Le taux circulant d'estrogènes supérieur chez la femme pourrait ansi en partie expliquer le risque accru de cancer du poumon dans cette population. Le Dr Siegfried explique également que "bloquer les effets des estrogènes pourrait constituer une stratégie thérapeutique importante pour stopper la progression de la maladie ou prévenir les rechutes". Chez les patientes à risque, l'inhibition prophylactique des RE pourrait prévenir les risques de cancer du poumon de la même manière que dans le cas des cancers du sein.

Source : communiqué de presse de University of Pittsburgh Medical Center