Malformations congénitales et ICSI (intracytoplasmic sperm injection) : un risque accru lié à la fréquence élevée des naissances multiples
Les enfants nés d'ICSI ont 75 % plus de risques de présenter des malformations à la naissance. Selon une étude suédoise publiée dans la dernière parution de Human reproduction, ce risque accru de malformation congénitale est essentiellement du à une fréquence élevée des naissances multiples. Une seule malformation, l'hypospadias, est réprésentée en excès chez ces enfants.
Les étapes de la fécondation in vitro (FIV) et de l'ICSI sont similaires si ce n'est que dans le cas de l'ISCI le spermatozoïde est placé directement à l'intérieur de l'ovule.
Le Dr U. Wennerholm du Sahlgrenska University Hospital de Göteborg et ses collaborateurs ont évalué l'incidence des malformations congénitales chez les enfants suédois nés d'ICSI entre 1993 et janvier 1998. Au total, 1139 naissances ont été étudiées dont 200 naissances de jumeaux et 3 cas de triplets. Pour l'analyse statistique, les auteurs se sont appuyés sur les donnés du registre médical suédois des naissances et sur le registre des malformations congénitales.
Il apparaît que 7,6 % des enfants nés d'ICSI ont présenté des anomalies dont environ la moitié étaient mineures.
Le risque de malformation a été déterminé par calcul de l'odds ratio (OR) qui représente une estimation du risque. L'OR des enfants nés d'ICSI est de 1,75 après ajustement des calculs en fonction de différents facteurs : naissance en milieu hospitalier, année de naissance et âge de la mère. Le risque de malformation est donc plus élevé que dans la population normale.
Cependant, ce résultat diffère notablement lorsque sont pris en compte les risques associés aux naissances multiples. Dans ce cas, l'OR est réduit à 1,19.
Il semble donc que l'augmentation du risque de malformation chez les enfants issus d'ICSI est principalement "le résultat d'un niveau élevé de naissances multiples".
L'incidence d'une malformation est particulièrement élevée dans cette population. En effet le risque d'hypospadias (ouverture de l'urêtre à la face antérieure de la verge) est 3 fois plus élevé chez ces enfants (risque relatif = 3). En s'appuyant sur des études antérieures, les auteurs suggèrent que cette affection n'est pas directement imputable à la technique de fécondation employée mais plutôt aux problèmes de stérilité des parents et notamment ceux du père.
Les auteurs concluent que "l'augmentation du taux des malformations depend principalement de l'existence de conditions rattachées à la prématurité et aux naissances multiples". Le seul effet spécifique de l'ICSI concerne la forte incidence d'hypospadias qui serait lié aux problèmes de fertilité du père.
Outre les remarques des auteurs, on peut toutefois remarquer que si l'ICSI ne semble pas causer par elle-même de malformation majeure elle entraine cependant une augmentation du nombre de naissances multiples et donc une élévation du risque de prématurité et d'anomalies congénitales. A ce titre, il paraît raisonnable de penser que cette technique pourrait contribuer à augmenter le risque de malformation.
Source : Human Medicine 2000; 15(4):944-48
Descripteur MESH : Risque , Malformations , Hypospadias , Incidence , Fécondation , Population , Calculs , Face , Fécondation in vitro , In vitro , Jumeaux , Ovule , Parents