Virologie et santé publique : épidémiologie moléculaire et évolution des souches d’entérovirus 71 isolées depuis 1970
Les entérovirus 71, responsables d’épidémies de grande ampleur, notamment en Malaisie en 1997 et à Taïwan en 1998 où ils ont été très meurtriers, devraient faire l’objet d’une surveillance épidémiologique renforcée afin de poursuivre leur caractérisation sur le plan moléculaire et peut-être mieux comprendre l’ensemble des manifestations qui leur sont imputables (syndrome pieds-mains-bouches, rhomboencéphalites, méningites, paralysies flasques, œdèmes pulmonaires hémorragiques, myocardites), déclarent le groupe de B. Brown des Centers for Diseases Control (CDC) d’Atlanta (Georgie, USA) dans le mensuel américain ‘Journal of Virology’ au terme d’une étude sur 133 souches d’entérovirus 71 isolées en Chine, au Canada et en Malaisie. L’intégralité de la séquence du gène viral codant pour la protéine majeure de capside VP1 a été déterminée pour toutes les souches étudiées par ces biologistes moléculaires et virologues.
Les auteurs indiquent que l’analyse phylogénétique des séquences codant pour la protéine VP1 leur a permis de regrouper les isolats en 3 génotypes différents : A, B et C. Ils notent cependant que cette étude de caractérisation et d’évolution moléculaire est forcément limitée dans la mesure où qu’autres régions génomiques que la VP1, qui renferment probablement des facteurs de virulence, auraient pu être analysées.
Leur analyse montre que groupe A ne renferme en fait qu’un seul membre, en l’occurrence la souche prototype de l’entérovirus 71 BRCR-CA-70 qui a été isolée en Californie en 1970. Ils font remarquer que le groupe B, qui a circulé aux Etats-Unis de 1972 à 1988, en Colombie en 1994, mais aussi trois ans après en Malaisie, n’est donc plus isolé aux Etats-Unis depuis 1988 et qu’il continue donc à circuler dans d’autres régions de la planète. Quant au génotype C, il circule aux Etats-Unis, au Canada, en Chine et en Australie depuis 1985. Le taux d’évolution des souches virales appartenant aux génotypes B Et C est d’environ 1,35 puissance 10-2 substitutions par nucléotide et par an, similaire donc à celui des poliovirus. Cela dit, auteurs tiennent à souligner que les entérovirus 71 sont « à la fois caractérisés par une grande diversité génétique et par une évolution rapide ».
Au vu de leurs résultats, il apparaît que les isolats provenant de la récente épidémie de Taïwan sont génétiquement différents de ceux de la flambée épidémique survenue en Malaisie un an plus tôt. Pour les auteurs, il semble que les entérovirus 71 puissent donc être à l’origine de graves pathologies indépendamment de leur appartenance à telle ou telle lignée phylogénétique.
Source : Journal of Virology, 73 : 9969-75.
Descripteur MESH : Épidémiologie , Épidémiologie moléculaire , Santé publique , Santé , Malaisie , Canada , Chine , Taïwan , Capside , Syndrome , Génétique , Virulence , Poliovirus , Génotype , Australie , Facteurs de virulence , Colombie , Californie