Eradication de la poliomyélite : un programme international définit les règles de conservation des souches pathogènes
Les campagnes de vaccination contre la poliomyélite devraient conduire à l'éradication de la maladie d'ici l'année 2002. Cependant, des souches sauvages du virus seront conservées dans certains laboratoires. Afin d'éviter que ces souches ne s'échappent des laboratoires en question, l'OMS vient de publier un plan indiquant les mesures de sécurité inhérentes à la conservation de ces souches virales.
Après l'éradication d'une maladie, la conservation des agents pathogènes dans les laboratoires de recherche reste indispensable. Cependant, des règles de sécurité très strictes doivent être appliquées afin d'éviter toute contamination accidentelle des populations. L'expérience de la variole montre que la sécurité de ces laboratoires est essentielle. En effet, après l'éradication de la maladie en Angleterre en 1962, le virus s'est échappé par deux fois (en 1973 et 1978) de laboratoires travaillant sur l'agent pathogène. Cette fuite de matériel biologique infectieux a conduit au décès de plusieurs patients.
Lorsque la poliomyélite aura été éradiquée, les laboratoires seront la seule source de virus. Il est crucial que la manipulation du virus soit alors encadrée par des règles de sécurité draconiennes. Selon l'OMS, la ré-introduction du virus après l'éradication de la maladie constitue une menace pour les populations.
Le plan défini par l'OMS s'articule autour des 3 phases : une phase de "pré-éradication", une phase de "post-éradication" et enfin une phase où le vaccin ne sera plus utilisé.
Lors de la première phase, les pays seront invités à recenser les laboratoires possédant des souches sauvages du poliovirus. Des règles de précautions particulières relatives à leur manipulation seront instaurées. Un programme de sécurité renforcé sera établi pour être appliqué lors des phases suivantes. Ces mesures devront prendre effet dans des régions où le virus aura disparu.
La deuxième phase débutera 1 an après que le dernier cas de poliomyélite aura été déclaré. Les laboratoires qui conserveront le virus devront appliquer des mesures de sécurité de niveau 3 (laboratoire sécurisé de type P3). Les souches virales seront détruites ou confiées à une structure rattachée à l'OMS.
La troisième phase commencera dès l'arrêt des vaccinations orales. Toute manipulation sur le virus ne pourra être effectuée qu'en laboratoire de type P4 qui présente le niveau de sécurité maximum. Des inspections internationales veilleront à l'application de ces règles. Les stocks de vaccins administrés par voie orale seront détruits.
Les enfants qui ne seront pas vaccinés constitueront une population à risque mais il est vraisemblable que la vaccination utilisant le virus inactivé continuera pendant quelques années dans certains pays.
Source : Journal of American Medical Association 2000, 283; 12 : 1553-1554
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