Insuline : 0,5 % de la production mondiale répondrait aux besoins des 40 pays les plus pauvres
Trois à cinq millions de dollars par an suffiraient à traiter les diabétiques de type 1 des 40 pays les plus pauvres. Un article de la revue anglaise The Lancet indique que l'insuline fait cruellement défaut dans les pays en voie de développement. Seulement 0,5% de la production mondiale d'insuline assurerait la prise en charge thérapeutique des patients insulinodépendants des 40 pays les plus endettés.
Selon la Banque Mondiale, l'énorme dette financière des 40 Etats les plus pauvres a des conséquences dramatiques sur les programmes de santé de ces pays. Les dépenses en matière de santé dans ces pays s'élèvent de 2 à 3 dollars par personne et par an alors que le montant minimum des soins élémentaires est 4 à 5 fois plus élevé.
Cet état de fait a un impact très net en matière de santé publique. John Yudkin (University College London School of Medicine) rappelle que l'insuline reste un médicament souvent indisponible dans ces pays. Ainsi, en Afrique sub-saharienne, l'espérance de vie d'un nouveau-né atteint d'un diabète de type 1 ne dépasse pas un an.
La prise en charge d'un patient africain s'élève à environ 230 dollars par an dont 156 sont consacrés à l'achat de l'insuline. Cependant, un tel traitement priverait 75 autres personnes de chloroquine ou d'antibiotiques. La prise en charge du traitement par le diabétique est quant à elle exclue puisque qu'elle s'élève, sur 1 an, à 6 mois de salaire.
John Yudkin indique que l'incidence du diabète de type 1 reste faible dans ces pays. Le besoin en insuline de ces pays, qui représentent 10 % de la population mondiale, équivaut à 0,45 % de la consommation mondiale d'insuline. Ceci représente 3 à 5 millions de dollars par an soit 0,2 % des recettes des ventes annuelles d'insuline.
Le professeur Yudkin propose que les fabricants garantissent un approvisionnement régulier d'insuline dans ces pays afin de soigner les diabétiques des 40 pays les plus défavorisés. Un tel programme nécessite une structure coordinatrice qui, selon J. Yudkin, pourrait être une "fondation pour l'insuline dans les pays en voie de développement". Cette fondation assurerait alors la coordination des programmes de distribution et de formation, et établirait des partenariats avec les industriels et les différents ministères de la santé.
Source: The Lancet, March 11 2000; Vol. 355: 919-921.
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