Un déclin significatif de l’incidence du VIH-1 en Ouganda

Des campagnes d’information sur la prévention du Sida ont permis de réduire entre 1990 et 1999 l’incidence et la prévalence du VIH-1 dans 15 villages ruraux en Ouganda, indique une étude qui paraît dans la revue médicale The Lancet datée du 6 juillet. Ces résultats encourageants ne doivent pas faire oublier que la situation de chaque pays est particulière et que des mesures apparemment efficaces dans un pays ne le seront pas forcément dans un autre.

La lutte contre le VIH passe par le traitement de l’infection mais aussi par des mesures préventives et éducatives autour de campagnes d’information de la population.

Une étude réalisée par des membres de l’Institut ougandais de recherche sur les virus signale que ces mesures peuvent donner des résultats significatifs pour réduire le nombre de nouvelles infections.

Deux paramètres sont principalement utilisés pour le suivi d’une épidémie : la prévalence et l’incidence. La prévalence correspond au nombre de cas dans une population à un moment donné. L’incidence est le nombre de nouveaux cas apparus dans un intervalle de temps défini. L’avantage de l’incidence est qu’elle rend mieux compte de l’évolution de l’épidémie puisqu’elle ne dépend pas de la mortalité ou des phénomènes migratoires, au contraire de la prévalence.

Dans leur article, le professeur Whitworth et ses collaborateurs expliquent que la prévalence du VIH-1 en Ouganda a connu une tendance à la baisse depuis les années 90. Cependant, on connaît mal l’évolution de l’incidence, c’est à dire le nombre de personnes nouvellement infectées.

Cet aspect a été suivi par ces chercheurs lors de l’étude prolongée de 6.566 adultes séronégatifs. Cette population rurale de 15 villages était suivie par des questionnaires annuels et des examens sérologiques.

Entre 1990 et 1999, l’incidence du VIH-1 est passée de 8,0 à 5,2 pour 1.000 personne.années à risque. L’incidence était 37 % plus faible dans la seconde partie de la décennie que dans la première.

La prévalence a elle aussi diminué au cours de cette décennie. Chez les hommes de 20-24 ans, elle est passée de 6,5 % à 2,2 % et chez les 25-29 ans de 15,2 % à 10,9 %. Une baisse également marquée chez les femmes de 13-19 ans (de 2,8 % à 0,9 %) et de 20-24 ans (de 19,3 % à 10,1 %).

« Plus d’un demi-million de personnes sont décédées du Sida en Ouganda depuis le début de l’épidémie qui fait encore rage à un niveau inacceptable en Afrique Sub-Saharienne », commente James Whitworth. « Toutefois, nos résultats confirment les preuves issues d’études précédentes à propos d’un déclin de la prévalence su VIH-1 et d’une augmentation des comportements sexuels protégés ». D’après lui, on peut espérer que des programmes de prévention pourront aider à contrôler l’épidémie en arrivant à changer les comportements.

Dans un commentaire de cet article, Andrew Grulich (Centre national d’épidémiologie du VIH à Sydney) ne remet pas en cause la tendance observée mais souligne qu’elle ne doit pas entraîner un espoir inconsidéré : les taux de transmission sont toujours très élevés en Afrique Sub-Saharienne « même dans les pays les plus efficaces comme l’Ouganda ». « Des moyens de préventions biomédicaux simples, abordables et efficaces contre le VIH sont désespérément attendus ».

Justin O Parkhurst, de l’Ecole d’hygiène et de médecine tropicale de Londres, revient lui-aussi sur ces résultats avec un article publié sous la rubrique « points de vue » du Lancet. Selon lui, les résultats de l’Ouganda ne sont pas forcément réplicables. « Les pays avec un taux de prévalence du VIH-1 supérieur à 30 % auraient tord de penser qu’en copiant simplement les mesures du gouvernement de l’Ouganda ils peuvent s’attendre à voir une réduction de deux tiers de leur taux de prévalence du VIH-1 ».

Source : Lancet 2002 ;360 :3-4, 41-6, 78-80

SR