Contamination alimentaire par des éléments traces : des résultats encourageants selon le Ministère de l'Agriculture et de la Pêche
Une étude commandée par la Direction Générale de l'Alimentation (DGAL) indique que les concentrations alimentaires en pesticides, métaux lourds et radionucléiques restent inférieures aux limites toxicologiques acceptables.
Cette étude, coordonnée par la DGAL, a été conduite entre 1998 et 1999. Elle a été réalisée par l'Institut national agronomique Paris-Grignard, l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) et l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA Paris).
Ces travaux, publiés dans le journal Notre alimentation n°24 (Ministère de l'Agriculture et de la Pêche), ont permis d'évaluer le niveau d'exposition des consommateurs français à certains contaminants par leur alimentation. Les résultats ont été comparés à ceux d'autres études françaises ou étrangères.
Trois catégories de contaminants ont été recherchées : pesticides (10 molécules analysées), métaux lourds (plomb, cadmium et arsenic) et radionucléides (césium 134 et césium 137).
Les échantillons alimentaires ont été récoltés selon la méthode du "repas dupliqué" : des portions d'aliments identiques à celles consommées ont été prélevées. Ces prélèvements concernaient des rations complètes de petit-déjeuner et déjeuner (la ration du dîner a été considérée équivalente à celle du déjeuner). Les rations ont été prélevées en restauration collective : hôpitaux, cliniques, maisons de retraite, établissements scolaires, entreprises publiques et privées. La collecte des échantillons a été effectuée sur 25 sites dispersés sur 5 zones géographiques.
L'apport journalier moyen (AJM, en µg/jour/personne) a ainsi été déterminé pour ces 3 types de contaminants. Les AJM ont été comparés à la dose journalière admissible (DJA*) pour les pesticides, à la dose journalière tolérable (DJT*) pour les métaux lourds et à la dose limite annuelle (DLA) pour les radionucléides.
Parmi les 10 pesticides recherchés, 6 ont été découvert à des concentrations supérieures à la limite de détection : phosalone, triazophos, dicofol, parathion éthyl, procymidone et vinchlozoline. Cependant, ces concentrations ne dépassent pas 11 % de la DJA.
Concernant les métaux lourds, l'analyse a montré que 53 %, 43 % et 34 % des échantillons respectivement testés pour le cadmium, l'arsenic et le plomb étaient positifs. Les concentrations de ces éléments dans l'alimentation ne dépassent pas 30 % de la DJT. En effet, l'AJM en plomb est de 52 µg/jour/personne et représente 24 % de la DJT. Pour le cadmium, l'AJM est de 17 µg/jour/personne soit 28 % de la DJT. Pour ces 2 métaux, on ne décèle pas de différence significative suivant la zone géographique ou la période de prélèvement. On note toutefois que les épinards, les rognons et les produits de la mer sont les aliments les plus contaminés en cadmium. L'AJM en arsenic total (organique + inorganique) est de 109 µg/jour/personne. L'arsenic inorganique est la seule forme toxique, il provient généralement des produits de la mer. Sa concentration est estimée égale à 10 % de la concentration totale ce qui correspond à un AJM de 11 µg/jour/personne. L'AJM en arsenic inorganique représente 8,5 % de la DJT.
Le compte rendu de l'étude indique qu'aucun des radionucléides recherchés (césium 134 et césium 137) n'a été détecté.
Selon ces résultats publiés par le Ministère de l'Agriculture et de la Pêche, "Ces valeurs sont très en dessous des seuils toxicologiques acceptables (DJA) ou (DJT) et la probabilité d'atteindre ou de dépasser ceux-ci semble réduite, car cela supposerait une consommation régulière et excessive d'une ou plusieurs denrées contaminées". On peut cependant regretter que d'autres métaux lourds tels que le mercure et d'autres radionucléides n'aient pas été recherchés dans ces travaux.
Les résultats de ces travaux ont été comparés à ceux de trois enquêtes françaises réalisées en en 1992 par la Direction Générale de la Santé (DGS), en 1998 par le Centre de Recherche pour l'Etude et l'Observation des Conditions de Vie (CREDOC) et par F. Decloître (Cah. Nutr. Diét., 1998, 33,3). L'ensemble de ces résultats semble indiquer une diminution de l'exposition globale des français à ces contaminants depuis 1992.
La comparaison de l'enquête de la DGAL 1998-1999 avec des enquêtes étrangères montre que les Français sont plus exposés au plomb que d'autres populations. La concentration en cadmium retrouvé dans notre alimentation est comparable à celle des autres pays européens mais se situe dans la tranche supérieure. Peu de données concernant l'arsenic sont disponibles. Cependant, les taux relevés en France sont inférieurs à ceux des pays gros consommateurs de poisson.
Dans ce dossier, le Ministère de l'Agriculture et de la Pêche indique que "l'évolution de l'exposition aux éléments traces semble en nette régression par comparaison aux résultats publiés dans le cadre de l'Inventaire National de la Qualité Alimentaire en 1983". Cette amélioration serait liée aux différentes mesures destinées à limiter l'exposition au cadmium et au plomb.
Si l'exposition moyenne de la population à ces différents contaminants ne semble pas révéler de danger, les auteurs de cette enquête de la DGAL rappellent que d'autres études plus approfondies sont nécessaires pour évaluer le risque encouru par certains professionnels ou par de forts consommateurs de produits contaminés.
* La DJA est établie par le Joint expert commitee Mix on Pesticides Residue (JMPR). La DJT est établie par Joint Expert Commitee on Food Additives (JECFA). Ces estimations sont réalisées sur la base d'une masse corporelle de 60 kg.
Source : Ministère de l'Agriculture et de la pêche, Revue Notre Alimentation, janvier 2000 ; n°24, dossier pages I-IV
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