Le mercure : un facteur de risque cardiovasculaire
La consommation de poisson contaminé par du mercure augmenterait le risque de décès cardiovasculaire chez les hommes. Ceci est la conclusion d'une étude finlandaise qui a comparé le risque cardiovasculaire en fonction de la quantité de mercure retrouvée dans les cheveux (un marqueur de la contamination) et de la quantité de poisson consommée.
"Bien que la consommation de poisson soit saine en générale, certains poissons peuvent contenir du méthyl-mercure à des concentrations néfastes pour l'homme", a déclaré le Dr Jukka Salonen, professeur d'épidémiologie à l'université de Kuopio en Finlande. Le méthyl-mercure est une forme toxique de mercure que l'on retrouve notamment chez les poissons contaminés. La toxicité de ces dérivés méthylés réside notamment dans leur propriété liposoluble qui se traduit par un passage à travers les membranes biologiques.
Les résultats de l'étude de Salonen ont été présentés hier à Honolulu au cours du forum scientifique Asie-Pacifique organisé par l'American Heart Association.
Le Dr Salonen et son équipe ont suivi un groupe de 2.005 hommes finlandais sans antécédent cardiovasculaire à leur entrée dans l'étude. Dans cette enquête nommée "Kuopio Ischemic Heart Disease Risk Factor", les participants étaient âgés de 42 à 60 ans. Le suivi moyen était de 12 ans et les facteurs de risque cardiovasculaire conventionnels étaient pris en compte pour l'analyse de l'incidence cumulée des épisodes cardiovasculaires.
Le degré d'exposition au méthyl-mercure a été déterminé par spectrométrie d'absorption atomique à partir de cheveux des participants. Quatre groupes ont été définis en fonction de la concentration en méthyl-mercure.
Ainsi, il apparaît que dans le groupe aux concentrations les plus élevées, le risque de décès cardiovasculaire était augmenté de 60 % par rapport au groupe correspondant aux concentrations les plus basses. Le risque de maladie coronarienne y était augmenté de 70 %. Une concentration élevée en mercure dans les cheveux était également associée à un épaississement plus rapide de la paroi artérielle.
"Les hommes qui consommaient 30 grammes ou plus de poisson par jour avaient en moyenne une concentration en mercure augmentée de 56 % par rapport à ceux qui consommaient moins de 30 grammes par jour", précise Salonen dans un communiqué. Par ailleurs, les poissons qui se situaient vers le sommet de la chaîne alimentaire étaient ceux qui paraissaient le plus intoxiqués par le méthyl-mercure, ajoutent les chercheurs.
Salonen insiste sur le besoin de ne pas interpréter ces données de façon définitive car de nombreuses autres études ont montré que les acides gras oméga-3 retrouvés dans les poissons permettaient de réduire le risque cardiovasculaire lorsqu'ils étaient consommés régulièrement.
Par ailleurs, cette étude d'observation ne permet pas d'établir avec certitude l'existence d'un lien de causalité entre la quantité de mercure retrouvée dans les cheveux et le risque cardiovasculaire. D'autres facteurs, tels que le statut socio-économique, peuvent entrer en ligne de compte.
Source : American Heart Association
SR
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