Pour une utilisation rationnée et rationnelle des antibiotiques en France

C’est un véritable cri d’alarme qu’a lancé le professeur Dominique Peyramond (Hôpital de la Croix-Rousse, Lyon), lors d’une conférence de presse au medec, sur la question de l’usage (abusif) des antibiotiques en France. Championne du monde de la consommation d’antibiotiques, la France détient également le titre en matière de résistances bactériennes. Si on ne change pas les habitudes des médecins dans les prescriptions d’antibiotiques, des maladies infectieuses aujourd’hui courantes, pourront bientôt devenir d’après les infectiologues, incurables par antibiothérapie.

Cent millions de prescriptions d’antibiotiques sont réalisées par an en France, c’est la deuxième ligne budgétaire du médicament.

L’antibiothérapie est principalement prescrite dans les pathologies respiratoires, en milieu libéral pour 80% des cas. Or on sait que dans la majorité des cas les causes de ces maladies sont d’origine virale, et même si les recommandations nationales le mentionnent, elles sont peu appliquées, la pression des malades, celle des institutions collectives et des parents, demandeurs de traitements, étant en partie responsable de l’apparition croissante des résistances bactériennes (pneumocoques, E. coli, streptocoque bêta hémolytique du groupe A, Haemophilus influenzae).

La mise à disposition prochaine de tests de diagnostic rapides (TDR) devrait aider les praticiens dans leur diagnostic devant une pathologie respiratoire, et fournir un moyen rapide de décision sur la bonne prescription à adopter.

Selon des études, les TDR devraient entraîner une diminution de 50% des prescriptions d’antibiotiques chez l’enfant et plus chez l’adulte. Un appel d’offre européen a été lancé par la CNAM pour obtenir 3 millions de TDR.

Comme le résume D. Peyramond, «il faut lutter contre le dogme angine=mal de gorge= infection bactérienne», et cela passe par un travail éducatif des parents mais également des médecins.

Source : Medec 2002, 12-15 mars 2002, Paris

PI