Une molécule capable d'induire l'apoptose des lymphocytes infectés par le VIH
Des chercheurs de l'Université de Stanford viennent de montrer que le motexafin gadolinium, molécule qui favorise le stress oxydatif, pourrait se révéler utile dans le traitement de l'infection par le VIH. En effet, cette molécule induit in vitro l'apoptose de CD4 infectés par le VIH-1 sans avoir d'effet cytotoxique sur les CD4 non infectés.
Cette découverte est publiée par Perez et al. dans les Proceedings of The National Academy of Sciences du 19 février. Les chercheurs soulignent en introduction que le motexafin gadolinium (Xcytrin, Gd-Tex) présente la propriété de se localiser préférentiellement dans les tumeurs. Des essais cliniques avancés sont en cours pour évaluer son intérêt comme adjuvant en radiothérapie des métastases cérébrales. Son effet est lié à une augmentation du stress oxydatif dans la cellule.
L'idée d'étudier le Gd-Tex dans l'infection par le VIH est justement issue d'études qui ont montré un lien entre le stress oxydatif et l'infection par le virus. Selon l'hypothèse de travail des chercheurs, le stress oxydatif supplémentaire induit par le Gd-Tex pourrait être suffisant pour avoir un effet cytotoxique majeur sur des cellules déjà infectées par le VIH.
"Le Gd-Tex marche in vitro", a déclaré le Dr Leonard Herzenberg (Université de Stanford) qui a encadré ces travaux. "Il a tué sélectivement les cellules infectées par le VIH lorsqu'elles étaient mélangées avec des lymphocytes non infectés. A notre surprise, seuls les lymphocytes CD4+ ont été tués".
De faibles concentrations de Gd-Tex ont entraîné l'apoptose de CD4 infectés par le VIH-1 in vitro. De plus, les doses employées n'ont pas induit l'apoptose (à un niveau détectable) de CD4 ou CD8 non infectés, précisent les chercheurs. Ces cellules ont survécu à de faibles doses de Gd-Tex qui étaient fatales pour les CD4 infectés par le VIH, commente Perez, principal auteur de ces travaux.
D'après les auteurs, cet effet spécifique n'est pas seulement lié au stress oxydatif. Il semblerait que la réplication du VIH soit également requise pour que la toxicité du Gd-Tex s'exprime à de faibles concentrations. Les chercheurs ajoutent à ce propos que les concentrations employées dans leurs expériences sont similaires à celles retrouvées dans les essais cliniques sur le Gd-Tex comme adjuvant en radiothérapie.
Le Gd-Tex présente donc un intérêt potentiel dans l'infection par le VIH même si la question de son efficacité comme traitement reste en suspens. De premiers essais pourraient prochainement débuter sous la direction du Dr Andrew Zolopa, directeur de la "Stanford Positive Care Clinic" spécialisée dans le VIH/SIDA. Herzenberg a par ailleurs rappelé qu'on connaît encore mal le mécanisme d'action du Gd-Tex et les effets indésirables liés à une destruction rapide de CD4 infectés par le VIH.
Source : Proc Natl Acad Sci USA 2002;99(4):2270-4. Stanford University Medical Center.
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