Vaccination hépatite B et risques: une mise au point de l’académie
Le professeur Emile Aron, membre de l’académie nationale de médecine, a présenté hier en séance ordinaire, une conférence qui visait à faire un état des lieux sur la suspicion portant sur la vaccination contre l’hépatite B, qui pourrait être responsable de cas de sclérose en plaques. L’académicien a rappelé qu’aucune preuve scientifique n’avait jusqu’à présent été apportée mettant en cause les doses vaccinales et que toutes les conclusions des études statistiques réalisées allaient dans le sens d’une parfaite innocuité des vaccins. L’académie a d’ailleurs décidé en fin de séance de soumettre lors de son prochain conseil d’administration l’idée d’une action envers le ministre délégué à la santé Bernard Kouchner afin de lui demander de lever l’interdiction de vacciner les enfants en France.
Le virus de l’hépatite B provoque 2 millions de décès chaque année dans le monde. En France, 100000 nouveaux cas d’infection sont enregistrés par an et on estime à 300000 le nombre de porteurs chroniques du virus (chiffres OMS).
Deux vaccins contre l’hépatite B existent : le GenHevac B (Aventis Pasteur) et l’Engerix B (GlaxoSmithKline). C’est ce dernier qui se trouve principalement au centre de la controverse concernant sa soi-disant relation avec des cas de sclérose en plaques (SEP).
La vaccination Hépatite B a débuté en France en 1991, avec en 1994 une obligation de vaccination chez les 12-14 ans. La vaccination scolaire a été arrêtée depuis le 1er août 1998, suite à un jugement rendu par le tribunal de grande instance de Nanterre qui, tout en reconnaissant que les experts n’avaient montré aucune relation de cause à effet entre le vaccin et les cas de SEP, a évoqué «un faisceau d’éléments permettant de conclure».
Sont en cause les cristaux d’hydroxyde d’aluminium retrouvés dans de nombreuses préparations vaccinales, qui servent d’adjuvants aux vaccins. Ces cristaux provoqueraient dans le muscle des enfants vaccinés des myofasciites macrophagiques. Le professeur Aron s’est dit très étonné que «la présence de ces cristaux entraînent par la suite la démyélinisation observée dans la SEP».
Toujours est-il que «la rumeur était lancée», et que les ligues anti-vaccinales ont fait leur choux gras de cette affaire, d’autant plus qu’en 2001, la cour d’appel de Versailles a de nouveau donné raison aux détracteurs du vaccin hépatite B, en parlant de «coïncidence chronologique».
Le professeur Aron, à sa connaissance, a souligné qu’aucune publication ou étude, n’avait jusqu’alors prouvé une relation entre le vaccin hépatite B et des cas de SEP (une thèse de médecine soutenue à Lyon avait pour sujet les accidents post-vaccination, qui relatait 9 cas de SEP, et qui a alimenté l’affaire).
Il a été rappelé qu’aucun expert ne s’est prononcé en faveur de cette hypothèse, et qu’aucune filiation n’a pu être établie par les différents centres nationaux de pharmacovigilance.
Emile Aron a également souligné que le comité consultatif de surveillance des vaccins de l’OMS ne s’est pas prononcé vis à vis de l’hydroxyde d’aluminium, incriminé dans cette affaire.
Ces propos ont été largement relayés par l’assemblée de l’académie, qui a conclu que jamais un lien n’avait été établi et qu’il n’y avait jamais eu de différences d’incidence de la SEP entre les populations étudiées, vaccinées ou non (adultes, nourrissons ou enfants), quelque soit le pays.
A la suite de ces débats, l’académie nationale de médecine, en la personne de son président, s’est prononcée en faveur d’une action concertée visant à alerter le ministre délégué à la santé Bernard Kouchner, sur la nécessité de rendre à nouveau obligatoire la vaccination hépatite B pour les adolescents.
Source: Académie Nationale de Médecine 5 février 2002, Paris.
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