Dépistage du cancer du sein par mammographie : le débat se poursuit
Deux articles publiés en 2000 (méta-analyse) et 2001 (analyse de suivi) dans le Lancet par Olsen et Gotzsche avaient suscité un débat houleux sur l'utilité de la mammographie dans le dépistage du cancer du sein puisqu'ils remettaient directement en cause son intérêt (voir dépêche de Caducee.net du 19/10/2001). Le débat est désormais relancé par la publication d'une étude qui montre au contraire une réduction de la mortalité associée au cancer du sein grâce au dépistage par mammographie.
Ce nouvel article rédigé par Miettinen et al. est publié dans le Lancet du 2 février 2002. Conduit sous la direction de Claudia Henschke (Weill Cornell Medical Center, New York), ce travail contredit les conclusions de Olsen et Gotzsche.
Olsen et Gotzsche avaient conclu qu'il n'y avait pas de preuve que le dépistage du cancer du sein par mammographie sauvait des vies. Ces auteurs s'étaient basés sur les données de deux essais randomisés réalisés en Suède (étude Malmö) et au Canada.
L'équipe de Henschke a revu cet essai suédois qui avait été précédemment analysé par Olsen et Gotzsche. Henschke et ses collaborateurs concluent que la réduction de la mortalité liée au cancer du sein est apparente après qu'un délai suffisant (environ sept ans) se soit écoulé pour que l'influence du dépistage et du traitement prenne son effet.
D'après l'article de Henschke, la réduction de la mortalité liée au cancer du sein est importante (55 %) pour les femmes âgées de 55 ans ou plus à l'entrée dans l'étude et qui ont été suivies 8 à 11 ans après le dépistage. La réduction du risque chez les patientes de 45-54 ans à l'entrée dans l'étude était estimée à 30 %.
"Il est essentiel de comprendre deux éléments terriblement simples mais fondamentaux qui ont été survolés dans la méta-analyse originale et le commentaire qui a fait suite", explique Henschke dans un communiqué du Lancet.
"Le dépistage n'a pas un effet immédiat ; les décès qui peuvent être évités par le dépistage sont dans le futur, à plusieurs années", poursuit Henschke.
"Ainsi, l'analyse des décès doit se focaliser sur une mesure pertinente, le taux de décès liés au cancer du sein (case-fatality rate) plutôt que le taux de mortalité global. Elle doit aussi se concentrer sur cette mesure durant l'intervalle de temps pendant lequel le bénéfice est atteint, c'est à dire à un point suffisamment distant du début du dépistage".
La conclusion de Henschke est claire : "De ce fait, le dépistage en lui-même doit continuer pendant une période suffisamment longue pour que le bénéfice apparaisse, c'est à dire une réduction du taux de mortalité liée au cancer du sein".
Source : Lancet 2001;359:404-6. Communiqué du Lancet.
Descripteur MESH : Tumeurs du sein , Mammographie , Mortalité , Canada , Commentaire , Éléments , Essais , Femmes , New York , Risque , Suède , Temps , Travail