L'analyse de l'ADN fécal pour le dépistage du cancer colorectal
Un article qui paraîtra demain dans le Lancet décrit comment la détection de l'instabilité des microsatellites (séquences répétitives de segments d'ADN) dans les selles peut aider au dépistage des cancers colorectaux de siège proximal.
L'analyse de l'ADN dans les selles fait aujourd'hui l'objet d'un intérêt tout particulier pour le dépistage du cancer colorectal. Une publication signée Traverso et al. dans le NEJM du 31 janvier détaillait par exemple la recherche des mutations du gène APC dans les selles pour identifier les cas de cancer colorectal (voir dépêche de Caducée.net).
Ce même groupe publie dans le Lancet du 2 février une étude comparable dans le sens où elle s'intéresse également au dépistage de ces cancers par une analyse de l'ADN contenu dans les selles. Mais cette fois-ci, ces auteurs ont recherché des anomalies différentes des mutations du gène APC.
Comme ils le rappellent dans leur article, des altérations du système de réparation de l'ADN sont souvent à l'origine des cancers sporadiques. Une de leurs conséquences est l'instabilité des locus microsatellites (séquences d'ADN répétées en tandem).
L'instabilité des microsatellites a été examinée au travers des mutations du marqueur BAT26, un locus couramment étudié dans ce type de tumeurs.
Au total, les auteurs ont analysé les selles de 134 patients dont 46 présentaient une tumeur du colon proximal. L'examen a montré que 17 des 134 patients avaient une altération du locus BAT26. Ces 17 cas étaient des patients avec un cancer colorectal. Aucun faux positif n'a été identifié.
D'autres analyses ont révélé que 18 des 46 patients cancéreux étaient porteurs d'altérations de BAT26 dans leur tumeur et que ces altérations pouvaient être détectées par l'analyse de l'ADN fécal dans 17 cas sur 18 (94 %).
Selon le Dr Bert Vogelstein, coordinateur de cette étude : "Ces résultats ont plusieurs conséquences importantes pour l'examen de l'ADN fécal. Ils apportent la preuve que des mutations dans les selles peuvent être utilisées pour identifier les patients avec un cancer proximal". Il ajoute que la spécificité du test est très élevée avec aucun faux positif. Les auteurs estiment toutefois que ce type de test, s'il devait être utilisé en routine, ne serait utile qu'associé aux résultats apportés par un examen invasif.
Source : Lancet 2002;359:403-4.
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