Les campagnes de prévention du VIH doivent s'intensifier
Les campagnes de santé publique en Thaïlande ont permis de réduire la transmission du VIH par voie sexuelle. On assiste néanmoins à une augmentation des infections chez les utilisateurs de drogues par injection. D'après une étude publiée dans le Journal of Acquired Immune Deficiency Syndrome, ces résultats soulignent le besoin de mieux cibler cette catégorie de la population dans les campagnes de prévention du VIH.
"Notre étude montre que l'utilisation des préservatifs et les campagnes d'information peuvent réduire de façon drastique la transmission du VIH par voie sexuelle", explique Kenrad Nelson (Johns Hopkins University), le principal auteur de cette étude. Ce résultat est particulièrement important en Thaïlande, pays où l'industrie du sexe est prépondérante.
Mais ces mesures de prévention ne doivent pas masquer un autre aspect de l'épidémie : "La transmission du VIH par l'échange de seringues reste un problème sérieux et croissant, qui paraît beaucoup difficile à prévenir", ajoute le Dr Nelson.
Le gouvernement thaïlandais avait initié en 1991 la campagne "100 % condom". Pour mesurer les effets de cette campagne, Nelson et ses collaborateurs ont étudié entre 1991 et 1998 les comportements des soldats de 21 ans qui servaient dans l'armée thaïlandaise.
Chez ces soldats, la prévalence du VIH a chuté de 11,9 % en 1993 à 2,4 % en 1998. Par ailleurs, le nombre de soldats qui déclaraient fréquenter des prostituées a lui aussi chuté de 80 % en 1993 à 38 % en 1998.
Le résultat peut-être le plus marquant de l'étude concerne la progression de l'association entre les antécédents d'usage de drogues par injections et la prévalence du VIH. En 1991, moins de 2 % des hommes séropositifs avaient des antécédents d'usage de drogue par injection, comparé à 25 % en 1998. Parallèlement, le pourcentage de consommateurs fréquents est passé de 1 % à 4 %.
Nelson souligne que ce problème n'est pas spécifique à la Thaïlande. Ainsi, les drogues par injection seraient directement ou indirectement responsables de près de 50 % des nouveaux cas d'infection aux Etats Unis. Cette catégorie de la population ne doit pas être considérée comme marginale et devrait l'objet d'une attention toute particulière. Comme l'observe le Dr Nelson, il existe encore de nombreuses réticences à l'utilisation de la méthadone et à la promotion de programmes d'échanges de seringues.
"Ces travaux montrent que les programmes de santé publique doivent s'intensifier et que des stratégies pour prévenir la transmission du VIH chez les consommateurs de drogues par injection doivent y être inclues", conclut Nelson.
Source : Johns Hopkins University Bloomberg School of Public Health. J Acquir Immune Defic Syndr. 2002 Jan 1;29(1):62-68.
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