Un modèle prédictif de transmission du variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob via le mouton au Royaume Uni
Après la récente parution d’une étude controversée sur la transmission de l’ESB et de son variant humain par la viande de mouton (Lancet 2001, 358 :1436), introduisant une polémique sur le possible lien entre le nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (vCJD) et l’ingestion par l’homme de mouton, des chercheurs britanniques ont réalisé un modèle prédictif des risques encourus par les britanniques de contracter le vCJD à partir du mouton. Dans le pire des scénarios, qui prévoit que l’agent de l’ESB passe librement de la vache au mouton, 150000 personnes supplémentaires seraient infectées. Ce risque reste cependant très limité et pourrait être réduit de 90% si les mesures sanitaires de restrictions de consommation de produits dérivés du mouton identiques à celles concernant la viande bovine étaient prises. De plus le risque historique total de transmission de la maladie à partir du mouton semble d’après le modèle très inférieur au risque de transmission à partir des bovidés.
Cette recherche, publiée dans la revue Nature du 10 janvier, par le professeur Neil Ferguson et ses collaborateurs (Faculté de médecine, Imperial College of Science, Londres, GB), prévoit tout d’abord que le nombre futur de décès par le vCJD dus à la transmission par la viande bovine du prion infectieux, est compris entre 50 et 50000.
Le risque supplémentaire de transmission de la maladie par le mouton, excepté dans le pire des scénarios, est estimé entre 110 et 15000.
Le scénario le moins optimiste prévoirait une augmentation de 150000 cas au cas très improbable où l’agent de l’ESB se transmettrait librement de la vache au mouton.
«Nos dernières analyses montrent que le risque de transmission à partir des moutons pourrait être plus élevé qu’à partir des bovins», a expliqué Neil Ferguson. «Cependant, nos donnée historiques montrent d’une façon plus optimiste que ce risque est moindre», a-t-il ajouté.
Les auteurs ont exploré les stratégies de réduction des risques de transmission du prion par le mouton en se basant sur les précautions actuelles mises en place pour la filière bovine.
« Nous avons trouvé que si les précautions de mesures basées sur l’âge et l’origine des tissus étaient prises, les risques seraient réduits de plus de 90% », a expliqué le professeur Ferguson.
Les auteurs concluent sur la nécessité urgente de réaliser des recherches épidémiologiques sur un large échantillon d’ovins, de même que sur la période d’incubation du prion, sur la susceptibilité des animaux à la maladie selon l’âge et sur les données historiques de consommation de viande bovines et ovines.
Source : Nature 10 janvier 2002; publication électronique avancée, DOI 10.1038/nature 709.
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