Un clone à la puissance deux
Des chercheurs japonais ont annoncé la naissance dimanche 23 janvier d'un veau cloné issu d'un taureau lui-même cloné. Bien que des clones de clones aient déjà été réalisés chez la souris par une équipe américaine, des clones de deuxième génération de grands mammifères n'avaient jamais été obtenus auparavant.
Ces clonages doivent notamment permettre la création d'un cheptel bovin répondant à des exigences gustatives précises en vue d'une prochaine commercialisation.
Du boeuf cloné est déjà en vente au Japon. Afin de parer à un éventuel boycott des consommateurs, le gouvernement japonais a décidé en avril dernier d’autoriser la commercialisation de ce type de produit sans y apposer d’étiquetage pendant une durée d’au moins deux ans.
Ce clone de deuxième génération a été créé à partir de cellules de l'oreille d'un taureau cloné âgé de 4 mois. Ces cellules ont été introduites dans un ovocyte non fertilisé préalablement énucléé qui a ensuite été placé dans l'utérus d'une vache.
Si le clonage permet la production à l'identique de bovins présentant des qualités gustatives similaires, il réduit aussi artificiellement le temps de génération de l'espèce clonée : les tissus d'un animal de 3 mois peuvent être utilisés en vue d'un clonage alors qu'une vache est incapable de procréer avant 14 mois.
L'intérêt de tels clones bovins n’est pas seulement agro-alimentaire. L'analyse comparée des clones de première et deuxième génération ainsi que de leur père génétique devrait permettre de mieux étudier la durée de vie des animaux clonés. On suppose en effet que l'espérance de vie des clones est inférieure à la normale du fait qu'ils sont constitués dès leur création de cellules ayant déjà subi plusieurs mitoses.
La question de la longévité des clones s’est posée après que des chercheurs aient observé que la brebis écossaise Dolly n’avait pas seulement hérité des télomères raccourcis de sa mère, mais que la longueur de ses extrémités chromosomiques de ses propres cellules diminuait sensiblement pendant de brèves périodes de mise en culture. Ce résultat semble donc indiquer que les longueurs réduites des télomères de cellules provenant d’un animal donneur adulte ne sont pas restaurées après transfert du noyau dans l’ovocyte énucléé.
Afin de déterminer un possible vieillissement prématuré des clones par rapport à l’animal donneur, les chercheurs du Kagoshima Prefectural Cattle Breeding Development Institute envisagent de comparer les télomères des cellules des clones de première et seconde génération et ceux du premier taureau. Ils vont également suivre certains paramètres physiologiques indicateurs du vieillissement pour évaluer les âges biologiques de ces clones.
L’équipe du Pr Xiangzhong Yang s’était déjà illustrée, il y a quelques semaines, en rapportant avoir pour la première fois réussi à produire des bovins génétiquement identiques en utilisant pour le clonage des cellules adultes préalablement maintenues en culture pendant deux à trois mois. (lire notre dépêche du 06/01/2000).
Le transfert du noyau de fibroblastes provenant de l’oreille d’un taureau d’élite âgé de 17 ans dans des ovocytes avait conduit, après réimplantation à des vaches porteuses, à la naissance de six veaux normaux.
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