Des bactéries capables d'éliminer des tumeurs
Une équipe de chercheurs a utilisé des bactéries anaérobies modifiées afin d'induire la nécrose de tumeurs implantées chez des souris. L'objectif est d'éliminer les régions tumorales hypoxiques grâce à des bactéries capables de se développer spécifiquement dans les zones appauvries en oxygène.
Ces travaux ont été réalisés par des scientifiques de l'Ecole de Médicine et du centre d'Oncologie Johns Hopkins à Baltimore. Bert Vogelstein et ses collaborateurs publieront prochainement leur résultats dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences.
Comme ils le rappellent dans leur article, les compartiments faiblement vascularisés des tumeurs répondent souvent mal à la chimiothérapie. L'équipe dirigée par Volgelstein a donc imaginé d'avoir recours à des bactéries anaérobies qui seraient ainsi susceptibles de se multiplier uniquement dans ces zones faiblement vascularisées.
Sur les 26 souches testées, les scientifiques ont retenu la bactérie Clostridium novyi, préalablement débarrassée du gène codant sa toxine létale afin de ne pas endommager les tissus sains.
Des spores de cette bactérie modifiée ont été injectées à des souris porteuses de tumeurs de cancer du colon humain : "Les spores de C. novyi ont germé à l'intérieur des régions non vascularisées des tumeurs et détruit les cellules tumorales viables environnantes", expliquent les chercheurs.
En combinant l'injection de ces spores à un traitement de chimiothérapie, une nécrose massive et hémorragique des tumeurs a été observée, "ce qui a conduit à un effet antitumoral prolongé", tandis que les tissus sains avoisinants restaient intacts. Les chercheurs ont donné à cette combinaison le nom de COBALT pour "combination bacteriolytic therapy".
Aucun essai clinique ne peut être envisagé pour le moment et les chercheurs estiment qu'il faudra plusieurs années avant d'identifier la meilleure combinaison chimiothérapie/bactérie. Par ailleurs, il faudra également mettre au point des moyens efficaces pour éviter la toxicité associée à la destruction rapide et massive des masses tumorales.
"Nous espérons que ces travaux apporteront une nouvelle dimension au traitement du cancer mais nous avons conscience que la façon dont les tumeurs répondent au traitement chez la souris peut être différente chez l'homme", a déclaré Kenneth Kinzler, co-auteur de cette étude.
Source : Proc Natl Acad Sci USA 2001. Advance online publication. Combination bacteriolytic therapy for the treatment of experimental tumors ; Dang et al..
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