Alzheimer, périmètre crânien et ApoE
Le risque de développer une maladie d'Alzheimer serait plus élevé pour les personnes dont le périmètre crânien est plus court et qui portent un allèle particulier du gène APOE. Publié dans le journal Neurology, ce résultat suggère qu'une réserve neuronale élevée protège ou plutôt retarde l'apparition des premiers symptômes de la maladie.
Les premiers signes cliniques de la maladie d'Alzheimer apparaissent lorsque la dégénérescence de régions cérébrales précises atteint une taille critique au-delà de laquelle les fonctions cognitives sont altérées. Dans un article qui paraît aujourd'hui dans Neurology, Borenstein Graves et al. estiment que plus la réserve de neurones dans ces régions est élevée, plus l'apparition de la maladie est retardée.
Afin d'étudier cette relation, ces auteurs ont suivi pendant près de quatre ans une cohorte de 1.869 personnes de 65 ans et plus. Le génotype du gène APOE, connu pour sa contribution dans la maladie, ainsi que le périmètre crânien, qui donne une mesure de la "réserve cérébrale", ont été particulièrement étudiés.
Au cours du suivi, 59 patients ont développé une maladie d'Alzheimer. On retrouve ici les facteurs de risque habituellement associés à la maladie : un âge avancé, un niveau d'étude plus bas, des scores moins élevés aux tests de QI et une fréquence plus élevée de l'allèle e-4 du gène APOE.
Les données des participants ont été analysées en trois groupes selon la circonférence crânienne. Les auteurs ont alors mis en évidence que la combinaison d'une faible circonférence crânienne (<54 cm) et de l'allèle APOE e-4 "était un signe prédictif fort du risque d'une apparition plus précoce de la maladie d'Alzheimer". L'hazard ratio (HR) était de 14,1 (IC 95 %= 3,0-65, p = 0,0007). Par contre, une faible circonférence crânienne sans présence de l'allèle APOE e-4 ne modifiait pas le risque.
"Les personnes avec l'allèle APOE e-4 semblent subir des dommages neuronaux plus rapidement", explique Borenstein Graves. "Ceux avec des 'réserves cérébrales' importantes pourraient vivre les mêmes lésions mais ils ne montrent les signes de la maladie que beaucoup plus tard".
Les auteurs notent cependant deux limitations à leur étude. Le groupe étudié était composé uniquement d'américains d'origine asiatique et le génotypage du gène APOE n'était disponible que pour 59 % des participants. Il semble donc prématuré de vouloir appliquer ces résultats à la population générale.
Source : Neurology 2001;57:1453-60. American Academy of Neurology.
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