Des souris protégées de la tremblante par des anticorps anti-prion
Des chercheurs européens sont parvenu à protéger des souris d'une infection par des protéines prions en exprimant chez ces animaux des anticorps dirigés contre les protéines prions. Bien que cette approche ne soit pas utilisable chez l'homme, les chercheurs estiment que c'est un premier pas vers des moyens d'immunisation.
On ne peut pas encore parler de vaccin contre les maladies à prions au vu de la méthodologie employée par l'équipe menée par Adriano Aguzzi, chercheur au laboratoire européen de biologie moléculaire à Rome.
Ces chercheurs sont parvenus à protéger des souris d'une infection par des prions pathogènes au moyen de techniques complexes qui ne peuvent être envisagées en dehors de la recherche expérimentale.
Comme le rappellent ces scientifiques dans un article qui sera publié dans la revue Science, la vaccination contre les maladies à prions reste problématique en raison des similitudes entre les protéines prions cellulaires (PrPC) et les prions pathogènes.
Afin de contourner le problème, les chercheurs ont utilisé des souris dépourvues du gène codant PrPC. Ils ont ensuite introduit chez ces animaux une séquence codante d'une partie d'un anticorps dirigé contre PrPC, ce qui a conduit, comme l'on s'y attendait, à une expression d'anticorps anti-PrPC. La première étape franchie, les auteurs disposaient alors de souris capables de générer des anticorps contre la protéine prion cellulaire.
Restait alors à connaître l'impact de ces anticorps chez des rongeurs qui exprimaient la protéine prion cellulaire. Ceci a été réalisé en croisant ces souris transgéniques (sans PrPC mais avec des anticorps dirigés contre PrPC) avec des souris de phénotype sauvage.
La lignée murine obtenue après croisement exprimait les anticorps anti- PrPC et exprimait PrPC.
Les chercheurs ont montré que ces souris ne présentaient pas de trouble hématologique ou de maladie auto-immune, l'expression de PrPC était normale malgré la présence des anticorps anti-PrPC.
Plus intéressant, ces mêmes rongeurs ont été infectés par des prions pathogènes (PrPSc). Contrairement à ce qui était observé chez les souris qui n'exprimaient pas les anticorps anti-PrPC, les chercheurs n'ont pas pu détecter la présence d'accumulation de PrPSc dans le cerveau ou la rate des souris transgéniques infectées.
Les auteurs estiment donc que l'immunité générée artificiellement est responsable de la protection observée.
"Du point de vue des applications, la transgénèse est trop élaborée pour être une stratégie de défense contre les prions", écrivent les chercheurs. "Cependant, les résultats présentés ici nous encouragent à une nouvelle évaluation de la valeur de l'immunisation active et passive…en prophylaxie ou traitement des maladies à prions".
Source : Science 2001, sous presse. Prevention of Scrapie Pathogenesis by Transgenic Expression of Anti-Prion Protein Antibodies. Heppner, Musahl et al..
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