Transfusion et risque d'infection par le VIH dans les pays en développement
Une étude américaine réalisée en collaboration avec les autorités du Kenya a évalué le risque de transmission du VIH par transfusion dans ce pays. Sur une période de 12 semaines, environ 2 % des transfusions ont transmis le virus à des personnes séronégatives. Les auteurs de l'étude ont émis plusieurs propositions pour éliminer ce risque et le Ministère de la Santé du Kenya a pris une série de mesures pour assurer la qualité des transfusions.
Cette étude publiée dans le Lancet du 25 août a été mise en place suite à une demande du gouvernement kenyan afin de connaître le risque d'infection par le VIH lors des transfusions dans ce pays où sa prévalence est élevée.
L'enquête a été réalisée en 1994 pendant 12 semaines et dans six hôpitaux publics au Kenya. Les tests HIV ont été réalisés à la fois par les hôpitaux participants et par un laboratoire de référence pour comparaison.
La prévalence de l'infection par le VIH était de 6,4 % parmi les 1.877 donneurs identifiés durant l'étude. Cependant, ce chiffre variait de 2 % à 20 % selon les hôpitaux étudiés.
Des résultats de tests HIV étaient disponibles pour 1.290 paires donneur/receveur : "26 dons positifs pour le VIH ont été utilisés chez des patients séronégatifs", écrivent Anne Moore et ses confrères dans leur article. "Nous estimons que 2 % des transfusions ont transmis le VIH".
Plusieurs éléments permettent d'expliquer ce risque particulièrement élevé, explique le groupe d'experts : "Les tests, qui doivent être réfrigérés, ont été quelquefois transportés sur de longues distances à température ambiante". Des problèmes d'alimentation en électricité ont également pu contribuer à leur mauvaise préservation ou à celle des échantillons de sang. Le système de lecture des tests n'était pas fonctionnel dans un hôpital, des erreurs de pipetage ont été notées ainsi qu'une mauvaise gestion/documentation des résultats des tests. Par ailleurs, il arrivait que des poches de sang HIV-négatives soient stockées dans les mêmes compartiments que des poches infectées.
Le Dr Moore et ses confrères insistent sur le risque élevé d'infection par le VIH lors de transfusion au moment où l'étude a été réalisée. De plus, le chiffre de 2 % ne prenait pas en compte la période de séroconversion des donneurs.
Cette enquête a mis en avant le besoin d'un programme de contrôle-qualité performant et d'une meilleure formation du personnel pour éviter les erreurs humaines. Depuis l'étude, le gouvernement du Kenya a mis en place un programme de distribution de tests rapides et a instauré un système national de formation pour améliorer les pratiques au laboratoire. Enfin, le dépistage systématique du VIH pour tous les dons a été rappelé.
Source : Lancet 2001;358:657-60.
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