L’ICSI pourrait servir à fabriquer des singes transgéniques
Des chercheurs américains rapportent dans l’édition du mensuel Molecular Human Reproduction datée de janvier 2000 avoir réalisé une première étape vers la production de macaques transgéniques. Ces singes génétiquement manipulés pourraient servir de modèles d’étude de certaines maladies humaines.
L’équipe de Gerald Schatten de l’Oregon Regional Primate Research Center (Portland) annonce être parvenue à introduire un ADN étranger dans des ovocytes de macaques par l’intermédiaire d’une injection intracytoplasmique de spermatozoïde (ICSI).
L’ADN étranger utilisé était un plasmide codant pour la protéine verte fluorescente de méduse (jellyfish green fluorescent protein, GFP), un artifice technique souvent utilisé en laboratoire pour pister des phénomènes dans les cellules. Ce plasmide, marqué à la rhodamine, se lie fortement à la surface externe des spermatozoïdes.
Alors qu’on observe la perte du signal rhodamine dans les mêmes conditions lors d’une fécondation in vitro, ce signal peut être suivi à la trace lors de l’ICSI sous la forme d’un marqueur brillant visible sur le spermatozoïde injecté à l’intérieur du cytoplasme de l’ovocyte.
Les chercheurs indiquent avoir détecté l’expression du transgène dans les embryons produits par ICSI dès le stade de 4 cellules et jusqu’au stade de blastocyte. Au bout de deux jours, la moitié des embryons avaient une belle teinte verte.
Au total, sept embryons ont été produits et réimplantés dans l’utérus de femelles macaques. Trois naissances vivantes ont résulté de ce transfert d’ADN étranger par ICSI : une paire de jumeaux normaux, de sexe différent et nés 35 jours avant terme ainsi qu’un mâle né à terme et en bonne santé.
Bien que l’intégration du transgène n’ait pas encore été détectée chez ces singes, ces résultats démontrent néanmoins que des spermatozoïdes de primates non-humains porteurs d’ADN étranger gardent leur potentiel fertilisant lors d’une ICSI. Ceci permet donc d’envisager d’utiliser cette technique d’assistance à la procréation pour créer des singes transgéniques exprimant des gènes mutés.
Les chercheurs soulignent cependant que ces mêmes résultats indiquent que l‘ICSI porte en elle le danger, théorique, de véhiculer des éléments étrangers, comme de l’ADN d’un agent pathogène par exemple.
Source : Molecular Human Reproduction, janvier 2000, Vol.6, N°1, 26-33, http://intl-molehr.oupjournals.org/content/vol6/issue1/cover.shtml
Descripteur MESH : Reproduction , Cellules , Spermatozoïdes , ADN , Cytoplasme , Éléments , Fécondation , Fécondation in vitro , Gènes , In vitro , Jumeaux , Ovocytes , Primates , Santé , Sexe , Transfert