Une méthode aussi simple qu’efficace pour traiter une maladie métabolique d’origine génétique
Des chercheurs allemands annoncent avoir découvert un traitement simple, non invasif et efficace pour traiter une maladie génétique responsable d’un déficit immunitaire associé à un retard psychomoteur et mental. La thérapeutique de cette très rare affection, liée à un trouble du métabolisme du fucose, consiste en l’administration d’une solution diluée de ce monosaccharide plusieurs fois par jour.
" Cela va sans dire, la simplicité de ce traitement de substitution par voie orale est supérieure à une greffe de moelle osseuse ou à une quelconque forme de thérapie génique. De plus, ce traitement substitutif par fucose nous a permis de traiter avec succès un patient atteint d’une maladie pour laquelle on ne connaît d'aileurs pas le gène responsable ", déclarent Dietmar Vestweber et ses collaborateurs de l’Institut de biologie cellulaire et de la clinique pédiatrique de l’Université de Münster (Allemagne) qui rapportent leurs résultats dans la revue Blood.
Ces chercheurs ont traité un jeune enfant atteint d’un déficit de l’expression des molécules d’adhésion leucocytaires de type II (LAD II). Cette maladie est caractérisée par l’absence de molécules porteuses de résidus sucrés à la surface des leucocytes. L’importance de ces molécules d’adhésion dans les défenses naturelles de l’organisme est illustrée par le fait que cette affection génétique se traduit par un déficit immunitaire, les globules blancs ne pouvant migrer vers les sites d’une infection.
Ayant constaté que le défaut métabolique pouvait être corrigé in vitro dans des fibroblastes de malades après apport de fucose au milieu de culture, ces chercheurs ont entrepris d’administrer ce monosaccharide à leur petit malade.
Ce patient a reçu 5 doses de fucose par jour, chacun dissoute dans 10 ml d’eau et administrée via une sonde gastrique. Des études d’ingestion de fucose n’ayant jamais été réalisées auparavant, des doses progressivement croissantes ont été administrées, jusqu’à atteindre 492 mg par kg de poids corporel après 277 jours.
L'administration orale de fucose a permis de corriger l’anomalie biochimique (absence de glycosylation) de certaines protéines sériques et d’observer la ré-expression de molécules d’adhésion (ligands de sélectines) à la surface des neutrophiles.
Résultat : "au cours des 9 mois de traitement, les infections et la fièvre ont disparu, le taux de neutrophiles initialement très élevé s’est normalisé, les capacités psychomotrices se sont améliorées ".
Les auteurs précisent qu’avant le traitement par fucose, leur jeune patient présentait de sévères infections récurrentes avec fièvre élevée qui nécessitaient un traitement antibiotique continu à faible dose. Ils soulignent que les taux de neutrophiles du sang périphérique sont revenus à la normale en l’espace de 10 jours. Aucun épisode fébrile n’est survenu après la mise en route du traitement par fucose et l’antibiothérapie a été interrompue.
Enfin, le développement psychomoteur de ce petit patient s’est sensiblement amélioré au cours du traitement par fucose, un monosaccharide dont les études de pharmacocinétique montrent qu’il traverse la barrière hémato-méningée. Agé aujourd’hui de 2 ans, l’enfant souffre toujours d’un retard mental et ne peut parler, mais il est capable de se tourner quand on le met sur le dos, de saisir ses jouets quand on les approche de ses mains et commence à se tenir assis tout seul.
Blood, 15 décembre 1999, vol.94, n°12, 3976-85.
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