L’absence d’une protéine de jonction serait responsable du cancer de la peau

En empêchant chez la souris l’expression d’une molécule de jonction intercellulaire au niveau de l’épiderme, des chercheurs de l’Université de Chicago ont provoqué de profondes modifications au niveau des cellules de la peau, provoquant ainsi un état précancéreux appelé epithelioma spinocellulaire. Les résultats de cette étude sont parus dans la revue Cell.

La mutation d’un gène codant pour une protéine de jonction, appelée α-catenine, empêche les cellules de la peau d’établir des connections entre elles. Selon le Dr E. Fuchs, principal auteur de cette étude, « La perte de ce composant apparaît être un événement précoce critique dans le développement du cancer de la peau. Cette molécule semble faire plus que seulement jouer un rôle de jonction entre les cellules ».

Les auteurs ont obtenu des souris Knock-out (KO) afin que la protéine α-catenine ne soit pas produite au niveau de l’épithélium de surface. Il se trouve que le développement des follicules pileux a été bloqué et la morphogenèse de l’épiderme sérieusement affectée au niveau de la formation de l’adhésion intercellulaire et de la polarité épithéliale.

La différenciation s’est produite, mais il y a eu hyperprolifération des cellules de l’épiderme, des mitoses suprabasales et apparition de cellules polynuclées.

Les changements apparus étaient dramatiques et largement inattendus. L’épiderme était épais et désorganisé. Concernant les 4 première couches cellulaires, il était difficile de dire ou une couche commençait et ou elle finissait. Les keratinocytes présentaient un certain nombre de signes aberrants associés fréquemment à un état cancéreux .

In vitro, les kératinocytes provenant de la souris knock-out n’exprimant pas l’α-catenine, présentaient une faible inhibition de contact et croissaient rapidement.

Au niveau de ces kératinocytes KO, il y avait une activation soutenue de la voie de signalisation Ras-MAPK, voie contrôlant la croissance cellulaire et qui est dérégulée dans beaucoup de cancers.

Les auteurs concluent que les caractéristiques des états précancéreux, souvent attribués à des anomalies au niveau de gènes de régulation du cycle cellulaire, peuvent être générées quand la fonction de l’α-catenine est compromise.

Source : Cell 2001 ; 104 : 605-617