VIH/SIDA : Une étude sur l'interruption thérapeutique programmée chez les patients en échec virologique
En cas de persistance prolongée d'une charge virale détectable malgré un traitement antirétroviral, la poursuite du traitement permet de conserver une charge virale plus faible que celle obtenue après un arrêt des antirétroviraux. Ceci est la conclusion d'un essai réalisé auprès de 16 patients infectés par le VIH. Ces travaux ont été conduits par Deeks et al et viennent de faire l'objet d'une publication dans le New England Journal of Medicine.
Cette étude pose la question de l'intérêt d'un arrêt du traitement chez les patients en échec virologique. Dans ce contexte, les résultats présentés montrent que la poursuite du traitement assure un bénéfice immunologique et virologique.
Deeks et al ont étudié 16 patients qui recevaient un traitement antirétroviral avec inhibiteur de protéase (IP) depuis plus de 12 mois. Leur charge virale plasmatique était supérieure à 2.500 copies/ml depuis plus de 6 mois et leur nombre de CD4 avait augmenté de 100 cellules/cm3 depuis l'initiation du traitement.
Ces sujets ont arrêté ou poursuivi le traitement. Les réponses virologiques et immunologiques ont été mesurées 12 semaines après le début de l'essai. Les auteurs ont également procédé à une analyse de l'efficacité de réplication des virus.
Les sujets qui ont interrompu le traitement ont eu une augmentation plus importante de la charge virale et une réduction plus marquée du nombre de CD4 que ceux qui avaient poursuivi la thérapie. En cas d'arrêt, la diminution médiane du nombre de CD4 était de 128 cellules par mm3 et l'augmentation médiane de la charge virale de 0,84 log.
De plus, les auteurs ont noté une réversion du profil de résistance aux IP après l'interruption du traitement. Ce retour à la sensibilité aux IP était "associé de façon temporaire à des augmentations des taux d'ARN viral plasmatique et à des diminutions du nombre de CD4", précisent Deeks et al. Il a été également montré que l'efficacité de réplication des virus résistants était relativement faible. Néanmoins, des virus résistants pouvaient persister dans des cellules réservoir chez certains patients.
Selon les auteurs, les bénéfices du traitement en présence de virus résistants tiennent surtout dans le fait qu'il permet de contrôler de façon continue la réplication des souches sensibles. Par ailleurs, l'arrêt du traitement ne conduit pas à une réversion totale du pool de virus résistants puisque ces souches peuvent être retrouvées dans des réservoirs cellulaires. Ces résultats suggèrent qu'une stratégie d'arrêt du traitement ne donnera pas forcément une seconde chance au patient, a souligne le Dr Deeks dans un communiqué. Dans ce contexte, il reste à savoir quel est le délai nécessaire pour qu'une souche résistance (dont la réplication n'est pas optimale) devienne aussi pathogène qu'une souche sensible.
Source : NEJM 2001344:472-480, 520-22.
Descripteur MESH : Patients , Infectiologie , Thérapeutique , Virologie , Charge virale , Antirétroviraux , VIH Virus de l'Immunodéficience Humaine , Virus , Cellules , ARN , ARN viral