Prématurité, allaitement et évolution de la tension artérielle

L'allaitement a déjà été associé à une tension artérielle (TA) plus faible par la suite. Néanmoins, ce résultat restait soumis à caution en raison de l'absence de contrôle d'éventuels facteurs confondants. Une étude prospective menée chez des prématurés et publiée dans le Lancet confirme cette hypothèse : la consommation de lait naturel chez les prématurés est associée à une TA réduite à l'adolescence.

Dans cette étude, Singhal et al. ont mesuré la TA de 216 enfants âgés de 13 à 16 ans. Ces enfants faisaient partie d'une cohorte de 926 prématurés et qui avaient participé à la naissance à deux essais randomisés sur différents régimes alimentaires : lait provenant d'un lactarium vs composition lactée pour prématurés ; composition lactée pour prématurés vs composition lactée standard.

La pression moyenne à 13-16 ans était de 81,9 mm Hg dans le groupe "lactarium" et 86,1 mm Hg dans le groupe "composition lactée pour prématurés", soit une différence (IC 95 %) de –6,6 à –1,6 mm Hg.

Par contre, aucune variation significative n'a été notée entre les enfants nourris avec une composition lactée standard et celle ajustée pour les prématurés.

Selon les auteurs, ces résultats confirment que la consommation de lait naturel, au moins chez les prématurés, conduit à une réduction de la TA à l'adolescence. Dans un éditorial qui accompagne cette publication, le Dr Susan Roberts (Département américain de nutrition humaine) souligne qu'il reste à savoir si les effets indésirables (sur la TA) des compositions lactées se traduisent par une augmentation du risque cardiovasculaire.

Toutefois, elle ajoute que cette étude rigoureuse montre que ces compositions lactées ont des effets "indésirables" sur un facteur de risque cardiovasculaire, "ce qui en accord avec les observations d'une mortalité plus élevée chez les adultes nourris avec ces compositions lactées".

Source : Lancet 2001;357:413-19, 406-407.