Premier lien établi entre la télomérase et une maladie génétique
Des chercheurs américains viennent pour la première fois d’établir un lien entre un mauvais fonctionnement de la télomérase, enzyme qui protège les fragiles extrémités des chromosomes (télomères) lors des divisions cellulaires, et une maladie génétique.
La télomérase est une ribonucléoprotéine. Elle contient une brève séquence d’ARN, appelé ARN télomérase, qui sert de matrice à l’enzyme pour synthétiser une séquence d’ADN qui vient s’ajouter aux extrémités du chromosome à chaque cycle de réplication.
Ce mécanisme est essentiel pour que chaque molécule d’ADN conserve à ses extrémités une longueur adéquate. Cet ajout de courtes séquences nucléotidiques répétitives est nécessaire pour une prolifération continue des cellules.
Des chercheurs de l’Université de Californie à Berkeley ont travaillé sur la dyskératose congénitale, une maladie liée au chromosome X qui se manifeste dans l’enfance par une aplasie médullaire associée à des anomalies des ongles (striés et cassants) et de la peau (zones pâles ou pigmentées).
Les malades présentent des anomalies des tissus se renouvelant rapidement comme la peau et la moelle osseuse, une instabilité chromosomique et une prédisposition à développer certains cancers. La mort survient généralement par insuffisance médullaire (infections, anémie) du fait d’une capacité réduite de renouvellement des cellules souches hématopoïétiques.
Cette affection génétique est liée à des mutations sur le gène codant pour une protéine appelée dyskérine. James Mitchell et ses collaborateurs montrent que la dyskérine est associée à l’ARN télomérase.
Ces chercheurs rapportent que les fibroblastes et les lymphoblastes de malades de sexe masculin atteints de dyskératose congénitale ont un faible taux d’ARN télomérase, ont une moindre activité télomérase et des télomères plus courts. Schématiquement, tout se passe donc comme si ces cellules étaient trop vieilles.
L’ensemble de ces données suggèrent donc que la dyskératose congénitale serait associée à un mauvais fonctionnement de la télomérase entraînant un défaut de maintien des extrémités chromosomiques, ce qui limiterait la capacité de prolifération des cellules épithéliales et sanguines.
Source : Nature, Vol.402, 2 décembre 1999, 551-5.
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